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Sons and Daughters – Interview

SONS AND DAUGHTERS

"Your sons and your daughters are beyond your command" chantait déjà le vieux Zim, jeune à l’époque, en 1964. Plus de quarante ans plus tard, les Sons and Daughters ont pourtant les choses bien en mains avec un deuxième album bien maîtrisé et une reconnaissance établie sans la prétention qui pourrait aller avec. Rencontre avec la très sympathique Adele Bethel, plus que jamais au centre de la musique du combo écossais.

Comment vous sentez-vous à l’approche de la sortie de "This Gift" ? Ressentez-vous la pression typique du deuxième album ?
A vrai dire, pas tant que ça. Sans vouloir être arrogant ni quoi que ce soit, je pense qu’on est assez confiant. On a passé tellement de temps à le préparer qu’on pense qu’on a pas dû se tromper. Et les réactions ont été bonnes jusqu’ici, donc on continue à croiser les doigts.

Ce disque a donc été produit par Bernard Butler. Comment la rencontre a-t-elle eu lieu et comment le travail s’est-il passé ?
C’est Laurence Bell (le patron de Domino) qui nous a mis en relation en fait. Nous avions tellement de chansons enregistrées qu’il nous fallait l’aide de quelqu’un d’extérieur pour faire le tri et le fait que ce soit un songwriter était un avantage. Bernard connaissait un peu ce qu’on faisait. Il est venu à Glasgow et on lui a joué toutes nos chansons. Il était très direct et très franc. Ce qui nous a un peu surpris au départ. Il pouvait dire des trucs comme… "Débarrassez-vous de cette merde, ça sonne comme du Joy Division, je déteste ça, c’est à chier." C’était assez choquant dans un premier temps. Travailler avec un producteur de ce style nous a mis énormément de pression, ce n’était pas évident au départ.

Etiez-vous vous mêmes fans de sa musique, de Suede ?
J’aime assez bien Suede. Je crois que les autres membres du groupe sont beaucoup plus fans que moi, cela dit. Tout le monde était très flatté et très impressionné de bosser avec lui. Je dois dire que je n’étais pas aussi enthousiaste. J’étais même un peu sceptique. Mais finalement, ça s’est bien passé…

Je ne sais pas si c’est son influence ou pas, mais l’album est beaucoup moins brutal que le précédent. Il y a moins ce côté "marche militaire" qui était assez présent sur "The Repulsion Box".
Oui, tout à fait. L’objectif initial était d’enregistrer un disque pop. Le premier album avait un son très intense et très lourd, dont nous voulions un peu nous débarrasser pour celui-ci. Non pas que nous reniions "The Repulsion Box", mais on était un peu déprimés à l’idée de refaire le même genre de disque.

Quoi qu’il en soit, c’est toujours aussi dansant. Est-ce quelque chose d’à ce point inhérent à la musique de Sons and Daughters que d’impliquer la réaction physique de ses auditeurs ?
En tout cas, ça a toujours été notre intention. C’est sans doute la raison pour laquelle nous aimons jouer en concert, pour voir les gens réagir en direct aux chansons. Ça a beaucoup d’importance pour nous de faire en sorte que le corps, tout autant que l’esprit, soit impliqué dans nos chansons.

"This Gift" fait beaucoup moins appel aux jeux des double voix, entre la vôtre et celle de Scott Paterson. Y a-t-il une raison à cela ?
Oh, oui, il y a une raison toute simple. C’est que Scott n’aime pas particulièrement chanter. J’ai essayé de le forcer. (Rires). Mais il voulait vraiment se concentrer sur la guitare. Je joue aussi un peu de guitare mais je préfère chanter. On a donc pris la décision mutuelle de se concentrer chacun sur ce qu’on faisait de mieux. Quand on a commencé, cette idée d’alternance des voix est arrivée de façon assez naturelle, on ne s’était pas réellement posé de questions à ce sujet. Elle a disparu de la même façon.

Vous êtes souvent perçus comme un groupe de scène. Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans le fait de tourner, et qu’est-ce qui vous déplaît le plus ?
Je pense que ce que j’apprécie le moins c’est le manque de sommeil, travailler plus de douze heures par jour et ne pas avoir d’endroit confortable où dormir. Il y a quelque chose d’un peu suffocant dans le fait d’être en tournée. Mais c’est évidemment compensé par les sensations que nous procure la scène.

Est-ce que vous pourriez imaginer que la musique de Sons and Daughters évolue de façon plus acoustique avec les années ?
Je ne sais pas. On a démarré de façon assez acoustique en fait. On faisait pas mal de concerts acoustiques. Alors on ne sait jamais… Peut-être !

Le nom que vous vous êtes choisi est-il une façon de proclamer votre filiation à une longue tradition du rock’n roll ?
On a pensé que ça pouvait être interprêté de cette façon… Mais, même si on est tous évidemment très fans de musique, ça nous semblait quand même un peu prétentieux de proclamer les choses de cette façon. Le nom vient en fait d’une chanson de Bob Dylan ("The Times They’re a-changin’"). On aimait le côté universel sous-entendu par ce terme très générique. Je ne pense pas que ce soit une référence très explicite du groupe, mais ça en est une pourtant. Scott et moi étions vraiment obsédés par l’album "Desire" pendant un bon moment de notre vie.

Propos recueillis par Jean-Charles Dufeu
Merci à Charline Lecarpentier
Photo PIAS

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