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The Dream Syndicate – How Did I Find Myself Here?

The Dream Syndicate - How Did I Find Myself Here ?Come-back miraculeux d’un groupe culte des années 80, dont le rock abrasif et sans compromis a nourri toute la scène alternative américaine.

Les groupes et artistes qui reviennent après une, deux, voire trois décennies d’absence auraient souvent mieux fait de s’abstenir. Pour une Vashti Bunyan fraîche comme au premier jour ou un Dinosaur Jr. revivifié (même si on a un peu de mal à employer le terme à propos de J Mascis), combien de vieilles gloires peinant à retrouver la flamme d’antan ? Autant dire que l’appréhension était grande au moment d’écouter “How Did I Find Myself Here?”, premier album studio du Dream Syndicate depuis “Ghost Stories” en… 1988. Quelques secondes de “Filter Me Through You”, le morceau introductif, suffisent pour nous rassurer. Tout ce qui a valu aux Californiens un culte solide, à défaut de succès commercial, est là, en premier lieu ces riffs simples et diablement efficaces, canevas qui permet aux deux guitares toutes les variations et dérives, à la façon du Velvet, de Crazy Horse ou de Television.

Dans le Paisley Undeground, ce mouvement informel qui fédérait des groupes angelenos amateurs de rock sixties carillonnant et d’americana à l’époque où le monde célébrait les synthés, les garçons à mèche et les grands rassemblements humanitaires, le Dream Syndicate fut toujours un peu à part. Sa musique était plus urbaine, rugueuse et mordante que celle de la plupart de ses congénères, surtout sur scène comme en témoignent plusieurs enregistrements (le “Live at Raji’s” peut même faire figure de best-of alternatif).

Ce nouvel album montre qu’elle ne s’est en rien émoussée, même si la formation remise en selle en 2012 ne compte aujourd’hui que deux membres d’origine, Dennis Duck (batterie) et, bien sûr, le toujours très productif Steve Wynn (voix et guitare). Ce nouvel album est même un retour aux sources assumé, avec un son certes plus dense et tortueux qu’en 1982. Jusqu’à la pochette très graphique, sans dessin ni photo, beaucoup de choses ici renvoient à “The Days of Wine and Roses”, premier album qui aura irrigué tout le college rock US, de R.E.M. à Yo La Tengo en passant par Luna.

La sève mélodique de “Glide” et “Like Mary” rappelle ainsi, en moins astringent, les classiques “That’s What You Always Say” ou “Tell Me When It’s Over”, tandis que “Out of My Head”, “80 West” ou “The Circle” creusent avec succès la veine plus sombre et tendue du groupe, faisant jeu égal avec les meilleures productions de l’actuelle vague néo-psyché-garage américaine. Quant au morceau titre, qui dure plus de 11 minutes, il est à la fois le plus étonnant du disque et l’un des plus aboutis de toute la discographie du Dream Syndicate, avec ses longues impros évoquant aussi bien les Doors que le hard funk des seventies.

Le lien le plus évident – et le plus inattendu – avec les jours du vin et des roses reste le huitième et dernier titre, l’hypnotique “Kendra’s Dream”, ainsi nommé en l’honneur d’une revenante. Première bassiste du groupe, puis chanteuse d’Opal (le projet pré-Mazzy Star de David Roback), Kendra Smith vivait en quasi-recluse depuis une vingtaine d’années. Ce retour discret (elle signe le texte du morceau et chante quelques backing vocals) prend donc presque l’allure d’une preuve de vie. Et ajoute encore un peu d’émotion à ces retrouvailles exemplaires.

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