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Concerts

The John Cage Project (Le Cabaret Contemporain et Etienne Jaumet) le mercredi 19 décembre au Lieu Unique (Nantes)

Ce mercredi, le Lieu Unique termine en beauté sa programmation musicale de l’année 2012. Après le récital exceptionnel de Steve Reich cet été, c’est une autre légende de la musique contemporaine américaine qui est à l’honneur : John Cage. Et d’une manière assez peu conventionnelle cette fois-ci.

Les pièces musicales de l’Américain sont jouées ici d’une manière relativement décomplexée par le Cabaret Contemporain, un ensemble musical non-conformiste se souciant peu des frontières musicales, autant tourné vers la musique dite « contemporaine«  et « savante«  que les musiques habituellement qualifiées de « pop(ulaires)«  au sens large (du rock à l’electro) qui nous sont pourtant, de fait, tout à fait contemporaines.

L’idée est excellente sur le papier mais, en rentrant dans la salle du Lieu Unique embrumée plus que de raison par des fumigènes et en découvrant les instruments disposés sur scène – un piano, une batterie, une contrebasse, une guitare électrique, les claviers analogiques du guest Etienne Jaumet (moitié de Zombie Zombie) – on craint un instant un Cage réarrangé à une sauce progressive seventies clairement éventée.

Les craintes s’envolent dès que le groupe de jeunots entre en scène (les quatre garçons n’ont visiblement guère plus de vingt ans). Les instruments sont, évidemment, parfaitement maîtrisés (on sent le background Conservatoire de la troupe) et, surtout, les arrangements sont extrêmement inspirés. Les compositions de Cage choisies, datant pour la plupart des années 40 et initialement très percussives, sont réarrangées de manière très personnelle sans jamais tomber dans la redite ou la recette toute faite.

Mine de rien, derrière son approche assez désinhibée et jouissive, c’est une petite leçon de musicologie que nous livre le Cabaret Contemporain, en nous prouvant d’une manière empirique l’influence décisive qu’ont eue les expérimentations de Cage sur bon nombre de styles musicaux qui leur sont plus ou moins postérieures. Les nappes de claviers de Jaumet ne sont pas sans rappeler par moment le Pink Floyd de la période post-Barrett et pré-« Dark Side of the Moon«  (pas la pire). Le minimalisme sec et hypnotique, tant mélodique que rythmique de l’ensemble renvoie autant au Krautrock de Can ou Neu! qu’à l’electro pour dance-floor de Daft Punk ou James Murphy. La dimension épique et hardie de certains morceaux évoque indéniablement le post-rock de Godspeed You! Black Emperor.

Bref, la sauce prend. Et très bien. Seul bémol, après à peine plus d’une heure de concert, on en aurait bien repris une louche. Pas de rappel pourtant. Petite consolation cependant, le Cabaret Contemporain est de retour au Lieu Unique en février prochain, cette fois-ci pour un hommage à Terry Riley, autre figure incontournable de la musique minimaliste américaine, dans le cadre du festival Assis ! Debout ! Couché !, dont on reparle très bientôt. Rendez-vous est donc pris pour 2013.

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