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Disques

The Sea and Cake – Any Day

The Sea and Cake - Any Day

Groupe assimilé à ses débuts dans les années 90 à la scène post-rock de Chicago, mais se distinguant de ses pairs par son attachement au format pop, The Sea and Cake continue à mener une carrière discrète que nous suivons depuis longtemps, avec un intérêt qui n’a jamais faibli. C’est aussi le cas d’Alain Hertay, un lecteur fidèle de POPnews (depuis la Belgique), qui nous a envoyé une chronique du nouvel album, “Any Day”. 

Il y a des groupes qui vous accompagnent discrètement durant plusieurs décennies. Vous n’y pensez pas constamment, vous ne les écoutez pas en boucle, mais, à chaque retour, vous les accueillez comme un ami retrouvé. Vous êtes heureux de les revoir inchangés et vous les remerciez de vous rappeler que, lorsque vous aviez une vingtaine d’années dans les années 90, ils vous ont aidé à affirmer vos goûts. Ces groupes, pour moi et pour quelques autres, s’appellent Yo La Tengo, Blonde Redhead, The Sea and Cake…

C’est en tout cas le sentiment que j’ai éprouvé à l’écoute d’“Any Day”, le nouvel album de Sam Prekop et sa bande, après six ans de silence. On y retrouve la pop ouvragée qui, déjà, séduisait tellement sur “The Fawn”. C’était il y a vingt ans, en 1997… Les compagnons de route sont toujours là, juste un peu vieillis, mais aussi fidèles : Archer Prewitt, John McEntire. On ressort du coup les vieux disques de The Sea and Cake, les premiers albums solo de Prekop également et, ceux, tout aussi merveilleux, de Prewitt. On réécoute “Oui”, “Who’s Your New Professor”, les “Gerroa Songs”… Les arrangements soyeux et exigeants, l’élégance des compositions, le timbre doux et calme de Prekop vous assaillent à nouveau, de manière addictive, et vous vous dites qu‘“Any Day” tournera longtemps à la suite de ses aînés.

 

“Any Day” est donc aussi lumineux, joyeux, que les autres albums de The Sea and Cake. Sam Prekop y poursuit une musique qui ne cherche pas à s’imposer, qu’il suffit de suivre, en se laissant porter par elle comme par une vague… Les chansons s’enchaînent dans une belle homogénéité, de l’accrocheur “I Should Care” et des lignes de guitares aériennes de “Paper Window”, jusqu’au titre éponyme qui bénéficie de la collaboration, à la flûte et à la clarinette, de Paul Von Mertens, accompagnateur régulier de Brian Wilson. Une apparition qui ne doit rien au hasard : la filiation du compositeur Sam Prekop est a envisager de ce côté, celui du plus obsessionnel des orfèvres pop…

Matisse déclarait qu’il cherchait simplement à poser des couleurs qui rendent des sensations. Ses toiles n’expriment que joie, indolence et danse légère. Le bruit du monde y est tenu loin. La couleur y est musicale. A l’inverse, la musique de Prekop se fait constamment couleur et chaque morceau d’“Any Day” est une touche qui s’ajoute à la précédente pour aboutir à un tableau où le temps semble s’être arrêté, celui d’un jour de printemps ensoleillé où il fait bon s’attarder.

 Alain Hertay

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