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Disques

Value Void – Sentimental

Value Void - Sentimental 

L’histoire des musiques amplifiées étant par essence cyclique, il n’est guère étonnant que revienne aujourd’hui en grâce un certain rock américain des années 90. Pas tant les guitares grasses et le chant dégueulé du grunge qu’un son indé moins immédiatement définissable, tel qu’on l’entendait chez les Breeders, Liz Phair ou Pavement : lo-fi ou du moins sec et sans gros effets, transmettant les émotions sans filtre, modelé à l’économie par des producteurs/ingés son comme Steve Albini, Brad Wood ou Bryce Goggin. Après les excellents Courtney Barnett, Car Seat Headrest ou Snail Mail, voici donc, côté anglais, le trio Value Void. Londres n’est cependant qu’un point d’attache pour Paz Maddio (qui écrit la musique) et Marta Zabala (qui s’occupe des textes), deux jeunes femmes originaires d’Azul, petite ville proche de Buenos Aires, rejointes par Luke Tristram à la basse.

Ces racines argentines ne transparaissent pas vraiment dans leur musique – tout est chanté en anglais –, au-delà de deux titres de chanson vernaculaires (“La Trampa” et “Bariloche”) et peut-être d’une pointe d’accent dans la jolie voix de Paz. Outre les plaisantes réminiscences nineties évoquées plus haut, la basse souvent proéminente et les riffs anguleux joués en boucle de certains morceaux (notamment “Back in the Day” et “Bariloche”, qui se suivent et se ressemblent un peu) renvoient à l’époque post-punk, que Value Void aborde par un versant plus mélodieux que DRINKS, par exemple. Difficile aussi de ne pas penser au Stereloab des débuts et à Electrelane à l’écoute d’une chanson comme “Cupid’s Bow”, même si le rythme s’avère ici moins métronomique, plus sinueux. Quant au gracile “Babeland” – sans doute la mélodie la plus accrocheuse du disque –, il paraît tout droit sorti d’une vieille compile de K Records.

On s’en voudrait toutefois d’accumuler les références : la fraîcheur et la candeur de ce bien nommé “Sentimental” le préservent des excès de dévotion. Un peu frustrant par son format bâtard (neuf titres, un peu plus de 31 minutes ; il s’agit plus ou moins d’un mini-album rallongé), ce coup d’essai a tout d’une belle promesse. Si elles musclent un peu leur écriture et affinent leur jeu sans rien perdre de leur légèreté et de leur simplicité, Paz et Marta pourraient bien devenir rapidement nos meilleures copines.

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