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Disques

June Panic – Horror Vacui

JUNE PANIC – Horror Vacui
(Secretly Canadian / Pop Lane)

JUNE PANIC - Horror VacuiLa lassitude commençait sérieusement à se faire sentir. A l’aube du XXI ème siècle, on peut encore se demander à quoi rime notre intérêt inachevé pour ces songwriters de "new folk" qui perpétuent une tradition de chansons boisées calquées sur les anciens, où sont ressassées toujours ces sentiments de tristesse et de malaise pleinement assumés . Ma passion boulimique pour des artistes de la trempe de Neil Young, Joni Mitchell, Tim Buckley, Tarnation , Palace et consorts me pousse en fait toujours à la recherche d’albums susceptible de procurer semblable choc… on s’emballe vite et bien pour les nouveaux de la country tels Willard Grant Conspiracy, Sodastream, Wilco, Drunk… pour n’être au final qu’à moitié satisfait du résultat sur le long terme . On se surprend alors à délaisser tout en accumulant ce genre de disques sur les étagères non pas par ennui mais par manque de la substance qui les rendrait intarissables. Qu’est ce qui démarque June Panic du lot des groupes pré-cités ? une écoute s’impose et vous comprendrez ainsi mieux pourquoi je m’acharne à penser que ce groupe est Important et à placer sur le même piédestal que Will Oldham, Smog, Giant Sand, Joe Pernice…
June Panic qui se trouve sur le même label que les honorables Songs : Ohia signe avec "Horror Vacui" le 1er classique folk du nouveau millénaire – déjà incontournable – . Comment expliquer cet emballement ? A l’image de la sublime pochette en noir et blanc, June Panic affiche une sobriété et une intemporalité à toute épreuve. Sincères, simples sans fioritures, faciles à fredonner, ces chansons auraient pu aussi bien être enregistrées dans les 70’s, paradoxalement et c’est là que ce disque est franchement admirable, les compos ne sonnent en aucun cas datées et on peut même avancer qu’elles vieilliront très bien avec le temps comme c’est le cas des classiques folk 70’s de Neil Young ou Bob Dylan qui ne cessent de nous accompagner. D’ailleurs, c’est assurément vers ces 2 artistes que se situent les influences de June Panic mais les références ne s’arrêtent pas là, heureusement; On pourrait également aller chercher du côté du magnifique "Automatic for the people", chef d’oeuvre de Rem ou d’un Vic Chestnutt entouré d’un vrai groupe plus consistant que sa seule guitare sèche.
Ces 11 compositons aux effets immédiatement accrocheurs -qui ne voudront plus quitter votre platine une fois le disque posé – s’acclimatent parfaitement à nos humeurs. Dès le morceau d’ouverture, "Do Not let them fool You" qui frappe droit au cœur, on sait qu’on a affaire à un groupe définitivement incontournable car ce titre sait mystérieusement capter l’émotion au plus profond de nous même . On pourrait craindre une baisse de régime sur les morceaux suivants mais pas d’inquiétude à avoir, une bonne demie -douzaine de morceaux sombrement torturés composent ce disque : "Glory Holes" nous rapproche du meilleur de Palace, " Baby Divine " et "To be right" au parfum amer nous renvoie à la tristesse, l’instru de "the reason, to know" évoque les morceaux les plus noirs de Calexico, l’orgue et la voix torturée de "the blues of a new man" atteint le tréfond de notre âme. Il est vrai que June Panic n’est pas le genre de groupe à prendre à la rigolade mais le réduire à un groupe de folkeux tristes repliés sur eux mêmes serait profondément limitatif car quelques titres laissent entrevoir une lointaine luminosité : "David Poe" et "Two sounds" sont des délices de pop songs qui se laissent aisément fredonner et contrastent délibérément avec l’ambiance globale du disque. Le final "Silver sound" apporte un brin de fraîcheur et d’insouciance et restera longtemps dans nos têtes. Bref, un disque important à plus d’un titre auquel on ne peut rester insensible et qui surpasse de loin toutes les tentatives néo country. Si vous êtes comme moi en attente du prochain Oldham, ce disque est un parfait palliatif qui saura vous satisfaire. Croyez moi. J’ai envie de vous dire "satisfait ou remboursé" mais je m’abstiendrai car ce disque ne s’apprête pas trop à ce genre de propos.

Delphine

Do not let them fool
Glory holes
Only give light in the morning
David Poe
The Reason, to know
Two sounds
Fear of open space
The blues of a new man
Baby divine
To be right
Silver sound

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