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Richard Hawley – Interview

 

RICHARD HAWLEY

Ex-Longpigs, guitariste de session réputé et membre officieux de Pulp, Richard Hawleu aura mis du temps avant de se révéler comme songwriter et interprète. Mais ça valait la peine d’attendre : en deux albums et demi (dont le dernier, « Lowedges », sorti tout récemment), il s’est affirmé comme l’égal des plus grands crooners romantiques et atemporels, de Lee Hazlewood (dont il a repris un morceau avec Jarvis Cocker) à Chris Isaak. Rencontre matinale après une folle nuit de débauche en compagnie de Jarvis (nouvellement installé à Paris) : un café, beaucoup d’eau, et magnéto…

Ton nouvel album est assez proche du précédent…
Oui, en effet, mais ce n’était pas vraiment délibéré. J’écris juste des chansons, je les enregistre et ça fait un album, c’est très simple et rapide. De toute façon, je pense que je ne ferai jamais un album d’acid-house ou de funk… Chaque fois qu’un groupe se lance dans une direction nouvelle, ça semble quelque chose de mûrement réfléchi. Pour moi, le temps n’est pas encore venu. Pour « Lowedges », j’ai simplement voulu retrouver le même son, mais plus ample.

RICHARD HAWLEY

Pourquoi ce concept « moto » (le livret, la chanson « The Motorcycle song ») ?
Ça parle de l’isolation, avant tout, d’une expérience solitaire… En fait, je possède une moto, mais elle est cassée, en pièces détachées. Elle est chez mon père. D’ailleurs, c’était la sienne dans les années 50, c’est dire si elle est vieille… La moto, c’est une illusion romantique, comme dans la chanson « Leader of the Pack » (des Shangri Las, ndlr). Mais je n’ai pas le droit de rouler à moto : ma femme aurait peur que je me tue, parce que je bois trop… (rires).

Tu as une « chanson de moto » préférée ?
Les miennes ! En quelque sorte, ce sont toutes des « motorcycle songs ». Sinon, « Born to be wild », évidemment, c’est plutôt une bonne chanson, dans un autre style. Je n’en vois pas d’autres, mais ça ne fait que 20 minutes que je suis réveillé !

Je pensais à « Vincent Black Lightning 1952 » de Richard Thompson…
Oui, c’est une très belle chanson. Mon oncle avait d’ailleurs une Vincent, mais pas ce modèle, qui est très rare.

Comment expliques-tu que Sheffield ait produit autant d’artistes de renom, sans qu’ils forment pour autant une scène bien définie ?
C’est très curieux. Je pense que c’est lié à ce que nous appelions jadis les « little masters ». Sheffield était fameuse pour sa coutellerie, ses couverts, fabriqués par des personnes âgées, à leur compte (« on their own »). Cet esprit semble s’être transmis à la musique, avec beaucoup d’artistes plutôt isolés, chacun dans leur coin. Bien sûr, il y a ce qu’on peut appeler une « scène », avec des pubs et des bars où tout le monde va. Mais rien de comparable à Manchester, par exemple, où il y a toujours eu un son particulier et des groupes proches les uns des autres. A Sheffield, c’est plus éclaté.

A quoi ressemble la ville aujourd’hui ?
J’ai un peu peur qu’elle finisse par devenir un « parc à thème »… Cette évolution n’est pas propre à Sheffield, d’ailleurs, on la retrouve dans toutes les villes post-industrielles d’Angleterre. Il y a davantage de bars, de musées, ce qui n’est pas une mauvaise chose en soi, mais sa raison d’être n’est plus aussi spécifique qu’elle l’était à l’époque des aciéries. Maintenant, tout cela n’existe plus, alors que c’est ce qui a fait vivre la ville pendant longtemps. C’est toujours un endroit où j’aime vivre, j’y suis né et j’y ai grandi, j’ai donc forcément un rapport très fort avec elle. J’ai dû faire huit fois le tour du monde et quand je retourne à Sheffield, où j’habite d’ailleurs toujours, je me sens… bien.

 

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