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Disques

The Go-Betweens – Bright Yellow, Bright Orange

THE GO-BETWEENS – Bright Yellow, Bright Orange
(Clearspot / Chronowax)

THE GO-BETWEENS - Bright Yellow, Bright OrangeJe m’étais résigné à faire l’impasse sur une chronique de ce nouvel album des Go-Betweens, histoire de vous épargner un nouvelle et sempiternelle expression de mon admiration pour ce groupe. Et puis au détour d’un récent échange d’emails, j’eus le choc de lire sous la plume (électronique) de mon correspondant (que j’estime par ailleurs) la réflexion suivante : "Les Go-Betweens, c’est gnan-gnan". Donc, voilà, blasphématoire Boris, elle est pour toi, cette chronique. Les autres ont déjà le disque de toute façon (non ?). Mais reprenons. A la base, les Go-Betweens, ce sont deux garçons qui ont décidé, un beau jour du milieu des années 70, de mettre le/leur monde en mots et en musique. Avec simplicité et justesse, modestie et sens du détail hors pair. A Robert Forster le regard tranchant et minutieux sur la vie citadine, à Grant McLennan une vision peut-être plus romantique et mélancolique des choses, sorte de Yalta intime qui tint bon le temps de six albums, de 1981 à 1988, du rêche "Send Me A Lullaby" au lumineux "16 Lovers Lane". Tiens, d’ailleurs, mon cher Boris, voilà un album qui pourrait à première écoute s’attirer l’épithète hasardeux que tu oses invoquer. Et oui, c’est qu’il parle du coeur, sujet "gnan-gnan" s’il en est, de ses errements et de ses échecs comme de ses joies, éphémères ou non, mais comme on en a rarement parlé : avec leur coeur de rockers, les Strokes n’ont jamais su vous dire je t’aime. Les Go-Betweens, si. Après ce chef d’oeuvre, malheureusement, c’est l’heure du jet d’éponge, des carrières solos pas ridicules mais pas toujours essentielles, des reformations épisodiques (sur scène), avant les grandes retrouvailles de 2000 et un album, "The Friends of Rachel Worth". Album (très bon) qu’il convient à la lumière de "Bright Yellow, Bright Orange", de reconsidérer : on sent les gaillards encore sur la lancée de leurs carrières solo respectives, pas encore ensemble, un peu perdus dans un monde qui n’est pas ou plus le leur. Cela est flagrant pour ce qui est des morceaux de Robert, encore un peu engoncé dans un costume un peu austère dont il ne sort que pour un magnifique "He Lives my Life", tandis que Grant a tout loisir de dévider la pelote de ses mélodies aériennes, dans la lignée de "In your Bright Ray", son dernier album solo. Sur ce nouveau "Bright Yellow, Bright Orange", nouvelle donne, c’est Robert qui impose le rythme sur un "Caroline and I" inaugural taillé dans les meilleurs bois pop d’antan, just like spring rain, aurais-je envie de dire pour faire mon malin. Mais Grant n’est pas loin, et c’est cette cohésion retrouvée qui nous mènera jusqu’à "Too Much of One Thing", morceau de bravoure et épicentre du disque, explicitement composé à deux. Et si Glenn Thompson, à la batterie, ne réussit pas totalement à faire oublier Lindy Morrison, le groupe a retrouvé un son, cohérent et ample, capable de propulser à merveille les titres les plus rythmés comme d’envelopper les plus mélancoliques. Les auditeurs avertis ne bouderont pas leur plaisir, quant aux autres, ils constateront avec un peu de bonne volonté qu’un album de folk-pop sans prétention et un brin désuet peut tenir la dragée haute à bon nombre de nouveautés faussement nouvelles . Pour un groupe dont on n’a plus à attendre, soyons francs, que des cerises à placer sur un gâteau déjà bien copieux, c’est tout bonnement inespéré. Compris, Bobo ?

Guillaume

Caroline and I
Poison in the Walls
Mrs Morgan
In Her Diary
Too Much of One Thing
Crooked Lines
Old Mexico
Make Her Day
Something for Myself
Unfinished Business

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