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Disques

Broken Social Scene – You Forgot It in People

BROKEN SOCIAL SCENE – You Forgot It in People
(Arts&Crafts)

BROKEN SOCIAL SCENE - You Forgot It in PeopleD’une Route du rock 2003 franchement en demi-teinte, le collectif de Toronto Broken Social Scene fut la seule découverte vraiment enthousiasmante. Moins d’ailleurs par leur concert, certes excitant mais assez brouillon et inégal, que par leur album "You Forgot It in People", acheté dans la foulée, et qui n’a guère quitté notre platine depuis. Un deuxième album qui a tout d’un premier puisque le précédent, "Feel Good Lost" (2001), n’avait semble-t-il pas abordé nos rivages, et présentait un groupe réduit à son noyau bicéphale (Kevin Drew et Brendan Canning). Cette fois-ci, Broken Social Scene porte mieux son nom puisque dix musiciens (sans compter les extras) sont crédités sur la pochette, sans que soient indiquées d’ailleurs leurs contributions respectives.
Parmi les groupes à large effectif, on pourrait distinguer deux types : ceux dont les membres semblent tous tendre vers un même but, d’où une musique relativement homogène (dans des genres très différents, Godpeed You ! Black Emperor, The Polyphonic Spree ou Lambchop), et ceux qui apparaissent comme un patchwork d’intérêts, de personnalités, d’expériences, d’où une musique variée et imprévisible. Rassemblant quelques électrons libres de la scène canadienne, Broken Social Scene appartient incontestablement à cette seconde catégorie : on y trouve aussi bien Charles Spearin de Do Make Say Think, groupe du label Constellation, qu’Evan Cranley des beaucoup plus pop et accessibles Stars, ou la chanteuse Leslie Feist, une copine de Gonzales et Peaches.
"You Forgot It in People" est donc un joyeux foutoir, qui entremêle les genres sans que cela tourne jamais au pastiche ou au pur exercice de style. Que le groupe donne dans l’ambient avec trompette à la Jon Hassell/Mark Isham ("Capture the Flag"), dans l’instrumental anglophile ("Pacific Theme", ou la rencontre sur fond discret d’exotica de deux mélancolies insulaires : la guitare de Johnny Marr et la basse de Peter Hook), dans une espèce de folk-jazz minimaliste ("I’m Still Your Fag") ou dans le rock alternatif US grand cru (en montant un peu les amplis, « Cause=time" passerait presque pour du Dinosaur Jr période "Green Mind"), il réussit à dépasser ses influences et à imposer sa personnalité. Installé dans un confortable mid-tempo, le groupe alterne avec finesse moments de sérénité et poussées de fièvre, mélodies pop (même si les structures ne sont jamais conventionnelles) et passages plus expérimentaux. Et accouche de la chanson de l’année : "Anthems for a seventeen year-old girl", trésor de délicatesse toujours pas épuisé après des dizaines d’écoutes, alliage parfait entre une voix de sirène et quelques cordes jouées à l’économie. Sur ces quatre minutes suspendues, Broken Social Scene, rare exemple de "supergroupe" où les talents s’additionnent au lieu de se concurrencer, frôle le génie.

Vincent

Capture the Flag
KC Accidental
Stars and Sons
Almost Crimes (radio kills remix)
Looks Just Like the Sun
Pacific Theme
Anthems for a Seventeen Year-Old Girl
Cause=Time
Late Nineties Bedroom Rock for the Missionaries
Shampoo Suicide
Lover’s Spit
I’m Still Your Fag
Pitter Patter Goes My Heart

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