Loading...
Concerts

The Shapeshifters – Le Nouveau Casino, Paris, 04/03/2004

THE SHAPESHIFTERS – Le Nouveau Casino, Paris, 4/3/04

Les Shapeshifters à ParisCe soir c’est fête. Jugez plutôt, les Shapeshifters et leurs amis, la deuxième vague du Project Blowed, le coeur même du West Coast Underground, le groupe hip hop indé ultime et capital s’est déplacé en masse en France, un soir à Rennes, deux autres à Paris. Vu le ton tout foufou de leurs albums et la très forte personnalité de chaque rappeur du collectif, le meilleur était à espérer pour cette prestation assurée au Nouveau Casino par une pléiade de MC et par Deeskee au deejaying, du genre 150 fois ce que nous a déjà apporté leur intarissable et pléthorique discographie.

Tout commence avec Subtitle. Tout commence doucement, car Subtitle, ça n’est pas vraiment la fiËvre du samedi soir, ça n’est pas du rap de battle endiablé. Subtitle c’est du hip hop froid, c’est du rap d’intello. Les titres du EP I’m Always Recovering from Tomorrow ont la part belle dans ce show, ceux du début surtout, les plus calmes, les plus lo-fi, les moins faciles. Pas de tuerie façon « Hard Light », pas de délire électronique comme le remix de « Unstoppable », ce soir. Alors évidemment, ça ne s’emballe pas, ça ne décolle pas vraiment. Pourtant, tous gardent le regard collé sur le rappeur, sur cet impressionnant échalas noir, et n’écoutent que d’une oreille ces titres déjà connus. Car avec sa maigreur, ses trois mètres de haut, son début de coiffure afro, Subtitle est plutôt fascinant, physiquement s’entend.

Subtitle

Changement complet de style et de gabarit avec Xololanxinxo. Le comparse de 2Mex au sein d’OMD (Of Mexican Descent, hein, pas les autres) est du genre gras et gros. Mais qu’à cela ne tienne. Le rappeur latino sait remuer. Pour l’occasion, et sans doute pour les autres d’ailleurs, il déplie toute la panoplie de l’entertainer. Parfois c’est gros (oui, ok, on sait qu’elle est moche l’Amérique de W Bush), parfois c’est gonflant (et que je te chante du Cat Stevens, parce que lui, il a su dire merde au show-business au moins). Mais la plupart du temps c’est diablement efficace. Xolo n’a aucun mal à mettre le public dans sa poche. De toutes façons, comment résister à un rappeur survolté qui rappe comme un fou sur la musique de « Organ Donor », hein ?

Xololanxinxo

Et puis tout à coup c’est la bourrasque. Un blanc tatoué et fluet vient de prendre place sur scène. Quelques comparses l’entourent, mais on ne voit bientôt plus que lui, on ne voit plus qu’Existereo, les autres ne sont que de fantômes. Très présent, le rappeur est un festival de emceeing à lui tout seul. Ses raps fusent, percutent, dévastent. Et pour ne rien gâcher, une bonne part du public semble connaître « Rhymetime », « Get that Freak off » ou « Cut me Gently », le recommandable album d’Existereo (« Dirty Deeds and Dead Flowers« ) ayant fait son petit effet sur la communauté hip hop indé française l’an passé. Cela n’est rien pourtant, la tension monte encore quand apparaît Radioinactive pour une démonstration de rap rapide et abracadabrant. Sur le côté de la scène, appuyé sur le pied d’un micro, Subtitle en reste plié en deux, la bouche toute bée d’admiration.

Existereo

La suite est moins passionnante. Trois rappeurs prennent place et leurs allures sont quasiment interchangeables : gabarits américains (plutôt forts et larges), bonnets, barbiches. Du coup, difficile de repérer à premier abord qui de ces trois Chainsmokers est Die, Liferexall ou Akuma. Il faut dire que leur intervention et leur jeu de scène n’ont franchement rien qui retienne l’attention. Voici le show rap classique, avec trois MCs sans grand charisme qui se donnent la répartie et tournent tout autour de la scène. Et pour ne rien arranger, leur répertoire est sans doute moins familier que ceux de Subtitle ou d’Existereo aux gens réunis ce soir.

Chainsmokers

Vous vous demandiez qui était la star de la soirée ? Vous allez avoir la réponse. La star de la soirée, la star des Shapeshifters, c’est Awol One. La preuve, ses petits camarades l’annoncent et l’appellent longuement, ils le prient de venir, ils l’invoquent presque. « Awol One, this is Awol One ». Alors le rappeur s’avance, gentil, calme, pépère tranquille, tandis qu’un film est projeté en arrière-plan et que Circus s’installe à son côté. Forcément, avec Awol One, nous avons affaire aux choses sérieuses. Qu’il dégaine « Rythm » ou « Sleeping All Day » (les tubes respectifs de Souldoubt et de Speakerface), qu’il rappe sur l’instru de « 4th Chamber », et c’est gagné. Ce qui surprend en revanche, c’est son allure calme, zen, nonchalante, comme si déjà content d’Ítre là il ne voulait surtout pas en rajouter. Pour le coup, par moment, c’est presque Circus qui lui volerait la vedette, avec sa tÍte loufoque de teenager américain échappé de l’asile et ses couplets n’importe quoi de 10 km de longs.

Awol One & Circus

En bout de course, les deux rappeurs sont renforcés par le toujours impeccable Radioinactive. Mais là, fort malheureusement, votre serviteur a des contraintes et il se retire. C’est bien dommage, car aux dernières nouvelles, la suite était grandiose. Vivement le retour des Shapeshifters annoncé pour l’été que tout cela se répète et se renouvelle.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *