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Disques

Ron Sexsmith – Retriever

RON SEXSMITH – Retriever
(V2)

RON SEXSMITH - RetrieverHasard ou pas, il est amusant de constater que le thème des "amis imaginaires" aura inspiré à Neil Hannon et Ron Sexsmith la chanson respectivement la plus anecdotique et la plus bouleversante de leur millésime 2004. Ainsi le songwriter canadien frappe-t-il très fort dès la deuxième plage de ce nouveau "Retriever", sur cet "Imaginary Friends", donc, où, avec la complicité d’Ed Harcourt, une impériale mélodie tapissée de piano et de basse saturée le voit affirmer : "You can count all your friends on the fingers of one scalded hand". Constat teinté de résignation à l’endroit de ses semblables qui n’étonne guère : les disques de Ron Sexsmith ont toujours bénéficié d’un plébiscite critique inversement proportionnel à leur succès commercial, ce que l’intéressé a souvent admis très mal vivre. Sans être devin, il semble peu probable que "Retriever" change cette donne. Alors même que sur ses deux précédents albums, Sexsmith s’était évertué à donner à sa musique de nouvelles nuances de couleur (jazzy et nashvillienne sur l’excellent "Blue Boy", discrètement électronique sur le non moins inspiré "Cobblestone Runway"), ce petit dernier ne dévie presque jamais d’une ligne classiquement pop-folk, peut-être un poil encore plus lustrée dans la forme et lyrique dans le fond que d’habitude. Des chansons comme le très british et euphorique "Happiness", l’enlevé "Wishing Wells"  ou le fantastique "Dandelion Wine" sont autant de témoignages de son imperturbable génie de mélodiste, grisant comme au premier jour. La générosité et l’infinie tendresse que renferme chaque note de sa musique sont quant à elles des vertus qui n’ont pas de prix, mais dont on arrive à se demander si elles ne sont pas aussi quelque part sa fatalité. Celle d’un homme ignorant tout cynisme ou second degré et ne craignant pas, de fait, d’évoluer dans un univers parfois aux confins de la mièvrerie ; celle d’un ardent défenseur des Wings ou d’Elton John, dont la voix, à tout amateur d’alcools forts, peut ne pas sembler si éloignée que ça de celle d’un Paul Young. "Ce qu’il y a de merveilleux avec lui, disait l’an passé Andy Partridge à propos de Paul McCartney, c’est qu’il est outrancièrement mélodique et ne craint pas de passer pour une chochotte. Il faut beaucoup de cran pour agir ainsi". Plus que jamais, avec "Retriever", Ron Sexsmith mérite qu’on lui adresse pareil compliment. Et qu’on lui témoigne la confiance que l’on réserve aux seuls "vrais amis".

Julien

Hard bargain
Imaginary friends
Not about to lose
Tomorrow in her eyes
From now on
For the driver
Wishing wells
Whatever it takes
Dandelion wine
Happiness
How on earth
I know it well

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