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Patrick Eudeline – Interview

 

Samedi après-midi, la voiture n’avance pas du côté de Pigalle. Rendez-vous a été pris avec Patrick Eudeline, pour évoquer à la fois le présent et l’avenir, son album en préparation (distribué par le label Suave), ses activités scéniques, ses livres et, bien sûr, le principal : la musique… Arrivé à destination, c’est Emma, sa femme, qui m’ouvre la porte, tandis que mon dandy moderniste préféré est en train de discuter production avec le groupe qu’il est en train de produire, les Violett, et Didier, un des musiciens de son groupe Les beaux Gosses, également membre de Tanger… Patrick est souriant, arborant sur sa veste le fameux badge de Phil Spector « Back to mono ». Nous passons au salon, café à la main, et, en présence des charmantes Lily et Trixy Violett, la discussion démarre. Et alors là…

Qu’en est-il de ton nouvel album ?
On est vers la fin de l’enregistrement, il va comprendre entre 10 et 12 titres… Au niveau du groupe avec lequel j’enregistre, il comprend Christophe et Didier de Tanger, ainsi que Michael et Hervé, deux recrues en provenance d’AS Dragon.

Y aura-t-il des reprises sur l’album, comme c’était le cas sur ton album précédent (Patrick Eudeline et Myriam, 1995, Absolute Records), lorsque tu reprenais « Jezebel » ?
Oui, une reprise. Ce ne sera ni « Excuse moi Partenaire », ni « Brand New Cadillac » (titres que Patrick reprend en ce moment sur scène, Ndr), mais « La nuit » d’Adamo. Non, pas « Excuse moi partenaire », ça ferait un peu beaucoup… Par contre, je réfléchis pour faire « Un jour mon prince viendra », dans un style sous acide… Peut-être le mettre en morceau caché, lorsque le disque continue après le dernier morceau…

C’est ce que tu avais fait dans ton album précédent, avec « Tannhauser »…
Oui, absolument, même si à l’époque, peu de personnes s’étaient rendues compte qu’il s’agissait d’un morceau de Wagner (rires) !

L’album précédent avait une tonalité que tu qualifiais de « cabaret-blues gothique », ton nouvel album est-il dans la même lignée ?
Tout d’abord, l’expression « cabaret-blues gothique » est une sorte de définition que je donne lorsqu’on me demande de définir ma musique. Mais le terme « gothique » est assez galvaudé, et j’y englobe des éléments différents… Pour moi, Robert Johnson est un gothique. Ainsi que le lien existant entre le gothique et la chanson réaliste, qui est évident pour moi. Mais mon nouvel album pourrait être défini de « blues ». Plus accessible que le précédent en tout cas.

Es-tu producteur de l’album ?
Absolument, c’est moi qui m’en occupe.

C’est une expérience nouvelle pour toi ?
Non, dans la mesure où je travaille les techniques de production depuis 10-15 ans. Pour l’album précédent, j’étais dans une période « ils m’emmerdent tous, je vais faire mon truc tout seul », j’ai donc pris en main la production. Le résultat global ne m’a pas vraiment satisfait, les chansons étaient bonnes mais la production laissait un peu à désirer… Mais mon investissement dans la production remonte à encore plus loin, du temps d ‘Asphalt Jungle…

Ta référence en la matière reste Joe Meek…
Et Phil Spector. D’ailleurs, à l’époque de « Poly Magoo », j’avais les mémoires de Spector à la main et je me baladais dans le studio en déplaçant les micros pour obtenir le son que j’avais en tête, le son Spector. Il est important de pouvoir diriger ce qu’on enregistre. Le danger, lorsque tu ne contrôles pas le processus, c’est de se retrouver avec des mecs qui n’y connaissent pas grand-chose, où le boulot est assuré par l’ingénieur du son… Et celui qui est désigné producteur te sort des trucs du style « je verrais bien des maracas sur la gauche » ! Les Beatles produisaient leurs propres disques, même si George Martin était présent, bien sûr. J’essaye d’utiliser des procédés qui permettent de rendre le disque dynamique et de véritablement sonner, par rapport aux productions actuelles, ou, de Korn à Benjamin Biolay, tout le monde sonne pareil. Aujourd’hui, il y a un tel niveau de compression et de limiteurs que la dynamique disparaît.

Spector est véritablement un lien entre l’ensemble des musiciens… De Brian Wilson à Lou Reed, en passant par Johnny Thunders, Stiv Bators ou toi-même, il est la référence absolue. Comment l’expliques-tu ?
Parce qu’il a véritablement inventé un concept. Si tu prends n’importe quel groupe de metal aujourd’hui, dès qu’ils veulent monter un mur de guitares, c’est, de manière indirecte, le « mur du son » de Spector ! Et puis, il a mis en place des procédés, composé des chansons qui influenceront énormément les Beatles, ne serait-ce que « To know him is to love him »…

Tu appellerais ça de l’uptown Rythm’n’blues ?
Absolument, oui. Spector se retrouve aussi dans la production française de l’époque, dont je suis particulièrement client, même les disques les plus obscurs ! Toute cette mouvance, c’est la même histoire… Le terme « variété française » était une appellation qui nous est propre, alors que dans les années 60, l’ensemble de la production musicale était englobée dans ce qu’on appelait la culture pop. On ne savait si c’était par référence au pop art ou à la musique populaire, mais tout était englobé dans le même univers. Après, il y des différences d’appellation lorsque les Français adaptent des standards anglo-saxons. Les Coasters, c’est du rock, mais lorsque c’est repris par Henri Salvador, c’est de la variété ou pas ? C’est toute la question…

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