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Disques

Lauren Hoffman – Choreography

LAUREN HOFFMAN – Choreography
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LAUREN HOFFMAN - ChoreographyLa formule est un peu facile, mais dans le cas présent elle s’impose : Lauren Hoffman est une revenante. Les photos illustrant la pochette de son nouvel album, "Choreography", semblent d’ailleurs accréditer cette thèse : l’Américaine y apparaît en femme fatale d’un autre temps ou en héroïne romantique à tendance gothique anglais. Sans même parler des titres des chansons : "White Sheets" (les draps des fantômes ?), "Ghost You Know" ou "Another Song about the Darkness"… Cela faisait donc six ans que la chanteuse errait dans les limbes médiatiques, autant dire une éternité pour une industrie du disque qui invente de nouvelles modes tous les six mois et qui a connu depuis le début de la décennie de sérieux bouleversements. Pour ceux qui auraient commencé à s’intéresser à la musique dans l’intervalle et n’auraient jamais entendu parler d’elle, rappelons que la précoce Lauren Hoffman a sorti son premier album, "Megiddo", en 1997, alors qu’elle n’avait que 18 ans. Oscillant entre ballades délicates ("Fall Away"), comptines dissonantes ("The Cannibal Ed") et rock brut de décoffrage à la PJ Harvey (le percutant "Rock Star"), ce disque sobre et vif révélait une voix déjà très sûre et une personnalité à la maturité impressionnante. Bien accueilli en France, il fut quelque peu éclipsé à l’époque par un autre premier album d’un autre jeune prodige féminin, une certaine Fiona Apple. Lauren revint deux ans plus tard avec "From the Blue House", sorti sur un petit label indépendant et qui, dans mon souvenir, était plus folk et apaisé (mais je n’ai pas réussi à remettre la main dessus, ce qui n’est pas forcément bon signe). Puis, plus rien – dans les bacs, en tout cas.
Pendant ce long hiatus, Lauren Hoffman a coupé les ponts avec le music business, s’essayant notamment à la danse – d’où le titre de ce nouvel opus. Néanmoins, sa musique à elle n’a pas tellement changé, gagnant surtout de l’ampleur, du souffle. Ceux qui attendaient un chef-d’œuvre, un retour fracassant, seront sans doute déçus. Au premier abord, "Choreography" affiche plutôt un profil bas : peu de mélodies qui se gravent instantanément dans la mémoire, d’acrobaties vocales ou d’arrangements hyper audacieux (juste les fioritures electro de rigueur), mais un beau son rond et équilibré qui pourrait plaire aux radios. C’est un disque qui gagne à être réécouté avec attention, dont la richesse ne se dévoile que progressivement, un peu à la manière de ceux de Cat Power, Laura Veirs ou Natalie Merchant. Quitte à abandonner en route une poignée de morceaux trop ancrés dans le registre "rock féminin américain des années 90", avec guitares énervées et gros refrains (avouons quand même qu’il est difficile de résister au très accrocheur "Hiding in Plain Sight"). La grande affaire de ce troisième album reste bien sûr la voix de la chanteuse, douce et forte à la fois, à travers laquelle s’expriment les doutes et les tourments d’une jeune adulte qui pourrait déjà faire figure de vétéran. Cette voix, on mentirait en disant qu’elle nous a manqué, mais on est quand même heureux de la retrouver, désormais totalement épanouie.

Vincent Arquillière

Broken
As the Stars
White Sheets
Ghost You Know
Solipsist
Another Song about the Darkness
Hiding in Plain Sight
Out of the Sky, into the Sea
Reasons to Fall
Love Gone Wrong
Joshua

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