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Calexico – Garden Ruin

CALEXICO – Garden Ruin
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CALEXICO - Garden RuinParler de Calexico en 2006, ce n’est pas exactement faire preuve d’une originalité folle tant le duo fait régulièrement parler de lui depuis qu’il a abandonné la section rythmique de Giant Sand aux milieu des années 90. Plus d’une décennie plus tard, des tas de collaborations en tout genre (de Collateral à Iron & Wine) et un cinquième album studio dans les bacs, on peut affirmer sans peine que le duo de Tucson a fait carrière et que la "maison" Calexico se porte bien. C’est d’abord une griffe appréciée qui a su occuper un créneau vacant (dépoussiéré le rock mariachi en le mariant avec un songwriting inspiré), c’est aussi un savoir-faire reconnu qui s’exporte bien, en France notamment auprès de Murat et Françoiz Breut (leur côté intello sans doute). La nouveauté c’est que, depuis Feast of Wire, Calexico est devenu un vrai groupe (comprenant 6 membres tous impliqués dans l’enregistrement et les tournées) et qu’il regarde désormais la réalité en face : chanter des popsongs, finalement, ce n’est peut-être pas si mal. Vous ne trouverez donc pas de titres instrumentaux sur Garden Ruin, ni de morceaux à rallonge et encore moins d’aventures hors-piste (excepté, peut-être, le morceau final "All Systems Red"). Mieux, le groupe a rangé sa panoplie Tex-Mex au placard. Exit les rattlesnakes, les mariachis et la Tequila de contrebande pour se concentrer sur le chant et les orchestrations léchées confiées, pour la première fois, au producteur JD Foster (Nancy Sinatra, Richmond Fontaine, Marc Ribot) loué pour son éclectisme et son sens du détail. Ainsi, ce disque fait-il la part belle à une pop acidulée, enrubannée de chœurs et de cordes sixties ("Lucky Dime", "Bisbee Blue", "Open String") qu’aurait pu écrire un Lee Hazlewood ou un Ron Sexsmith (oserais-je dire un Richard Swift ?). Il verse aussi dans un rock lyrique hérissé de grosses guitares et de reverb efficaces quoique convenues ("Deep Down", "Letter to Bowie Knife"). D’autres titres confirment le talent de Burns en matière de ballades feutrées qui font claquer des dents ("Cruel", Yours and Mine", "Smash"), sans oublier, bien sûr, le quota d’exotisme latino "Roka" (chassez le naturel…) et la touche frenchy ("Nom de Plume") qui fait classe et on obtient la recette du succès indie-rock instantané !
Le cœur dans le désert mais les pieds sur terre, la multinationale Calexico s’apprête à réaliser une nouvelle OPA. Impossible d’en dire du mal ou de la détester malgré une production riche, variée mais lisse. Écueil de ceux qui sont installés ou privilège d’artistes affranchis ? Garden Ruin ne tranche pas et ne déçoit pas. Ce qui de mon point de vue n’est pas franchement un compliment.

Luc Taramini

Cruel
Yours and Mine
Bisbee Blue
Panic Open String
Letter to Bowie Knife
Roka (Danza de la muerte)
Lucky Dime
Smash
Deep Down
Nom de Plume
All Systems Red

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