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The Triffids – Born Sandy Devotional

THE TRIFFIDS – Born Sandy Devotional
(Domino / PIAS) [site] – acheter ce disque

THE TRIFFIDS - Born Sandy DevotionalDans son magnifique "Sur le rock", François Gorin raconte qu’à l’époque où il était critique musical au "Matin de Paris", il avait un jour chanté les louanges d’un album des Triffids "sans qu’aucune actualité ne le justifie". Dans le cas présent, c’est justement l’actualité qui motive cette chronique, ce qui n’enlève rien au caractère intemporel et définitivement hors modes de la musique des Triffids, l’un de ces groupes que l’on défend avant tout pour la beauté du geste. Des Australiens exilés dans la grise Angleterre des eighties, comme beaucoup de leurs compatriotes (Nick Cave et Birthday Party, The Go-Betweens, The Apartments, Dead Can Dance…), parce que c’était le seul moyen de percer à l’époque. En 1986, ils sortaient leur troisième album, "Born Sandy Devotional", que Domino réédite vingt ans plus tard avec une généreuse ration de bonus (demos, faces B de singles). Ce disque est souvent considéré comme leur chef-d’œuvre, même si on peut lui préférer "Calenture" (1987), enluminé par de somptueux arrangements de cordes (il ressortira fin septembre, tout comme le beaucoup plus dépouillé "In the Pines"). C’est en tout cas le premier où le groupe donne sa juste mesure, s’affirmant comme l’un des plus brillants et originaux de son époque. "Born Sandy Devotional" connaîtra un petit succès, notamment en Grande-Bretagne et en Scandinavie, que les Triffids n’arriveront malheureusement pas à faire fructifier.

Les Triffids, c’était avant tout une voix, celle de David McComb, qui avait fondé le groupe avec son frère Robert au début des années 80. Une voix majestueuse, aux accents tragiques, éprise de grands espaces : de tous les groupes australiens, les Triffids furent sans doute celui (avec les Apartments de Peter Milton Walsh) dont la musique aura donné le reflet le plus fidèle – et poétique à la fois – de ce pays surdimensionné, fait de mer, de désert, de bush à perte de vue et d’intense solitude. Les frères McComb ont passé toute leur jeunesse à Perth, sur la côte Ouest de l’Australie, la ville la plus isolée de l’île ; leurs chansons en portent indubitablement la trace, tout particulièrement celles de "Born Sandy Devotional".

Dès le premier morceau, "The Seabirds", l’album captive par son intensité et son souffle épique. On n’est pas si loin du rock "héroïque" de l’époque (U2, Simple Minds, Waterboys…), à la nuance près que David McComb préfère aux grandes exaltations humanistes une poésie sombre et mystérieuse, et une topographie (cf. titres de chansons : "estuary", "bridge", "road"…) où les espaces infinis et dépeuplés ne sont que les réceptacles de l’intime. Il est d’ailleurs tentant de rapprocher ce disque, malgré un son assez typique du rock des années 80, de la meilleure country américaine (comme le fait Philippe Auclair, alias Louis Philippe, dans son excellente notice sur le groupe pour le "Dictionnaire du rock" de Michka Assayas). D’autant que le line-up du groupe s’est alors enrichi d’un joueur de slide guitar, Graham Lee – présent également sur le premier album des Apartments, sorti à la même époque, et qu’on retrouvera sur un disque des méconnus Sea Stories, d’autres compatriotes.
Il semble hélas qu’une reformation du groupe soit impossible, David McComb étant décédé en 1999 (même si les membres restants auraient donné quelques concerts cette année avec divers chanteurs). On se contentera donc de cette résurrection discographique due à de vrais passionnés de musique, en enviant tous ceux qui ne connaissent pas encore les Triffids.

Vincent Arquillière

The Seabirds
Estuary Bed
Chicken Killer
Tarrilup Bridge
Lonely Stretch
Wide Open Road
Life of Crime
Personal Things
Stolen Property
Tender Is the Night (the Long Fidelity )

Bonus Tracks :
The 107
When A Man Turns Bad
Of the Plaza
White Shawl
Convent Walls (B-side of You Don’t Miss Your Water)
Time Of Weakness (B-side of Wide Open Road)
Born Sandy Devotional
Wish To See No More
Tender Is the Night (The Long Fidelity)

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