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Pixies – loudQUIETloud

PIXIES – loudQUIETloud
(Plexi / PIAS) [site] – acheter ce disque

PIXIES - LoudQUIETloudDifficile de ne pas considérer l’objet comme suspect ; pire qu’une valise abandonnée dans un couloir de métro en plein plan Vigipirate : un cinquième DVD des Pixies en l’espace de… 3 ans. Qu’attendre donc de ce "loudQUIETloud" à part une forme (à peine) subtile d’extorsion de fonds ? Peut-être pas des miracles mais, en y jetant un œil attentif, ce DVD vaut mieux que ce que l’on pouvait craindre. D’abord parce que le style est nouveau : "loudQUIETloud" n’est pas vraiment un DVD "des Pixies" mais un documentaire de Steve Cantor et Matthew Galkin sur la reformation du groupe. Un documentaire qui pourra séduire les fans, bien entendu, mais qui possède également une dimension plus générale susceptible d’accrocher un cinéphile qui ne connaîtrait pas le groupe.

Pour les fans donc, outre les extraits de concerts assez pertinents, le documentaire a un petit parfum de western classique ou d’"Agence Tous Risques" : Hannibal Black a roulé sa bosse depuis une dizaine d’années et plus ou moins perdu de vue son ancien "gang" ; une nécessité impérieuse (celle de gagner plus de sous) le pousse à reformer son groupe. Il va donc retrouver ses anciens compagnons : Joey qui a une jolie petite famille et compose des musiques de documentaires, Kim qui fait de la broderie chez Papa et Maman sous le regard de sa sœur jumelle Kelly (pas très rock’n’roll la broderie) et David, partagé entre ses deux passions, la magie (il est prestidigitateur dans des cabarets modestes) et la recherche de métaux sur les plages californiennes. Après bien des péripéties (ampoules sur les doigts, rencontre du vrai "Mr John Murphy", pétages de plombs, …), ils finiront par connaître un succès bien mérité que le destin leur avait, jusque-là, refusé.

Mais là où le documentaire est assez fort, c’est qu’il s’attache à l’aspect humain de cette reformation, en en explorant sans complaisance les différents aspects : le premier, c’est le fait que nos quatre héros ont pris 15 ans (je ne parle pas des kilos) et, après avoir "décroché", ont quelques appréhensions à se glisser dans ce rôle de rock star qui ne leur va pas forcément comme un gant ; Kim Deal en particulier appréhende les premiers concerts. Les réalisateurs mettent également en évidence les difficultés que les membres du groupe ont à communiquer entre eux, filmant de longues plages de silence et rendant de ce fait intenses les scènes où les musiciens se parlent (celle où Charles annonce qu’il va être Papa, par exemple). Des difficultés accentuées par les tendances addictives de Kim et David, tendances filmées assez subtilement : la bassiste en est sortie mais a demandé que l’alcool soit interdit en coulisses et que sa soeur Kelly l’accompagne (et la soutienne) lors de la tournée. David, qui perd son père durant cette période, se réfugie dans un mutisme inquiétant et dans des substances… déconseillées. Le documentaire s’intéresse également au quotidien des Pixies : un moment de cafard de Joey devant sa webcam, loin de sa famille et de son fils nouveau-né, la rencontre avec des fans, les moments de préparation ou de détente… Malgré le souvenir d’une rupture assez brutale, "loudQUIETloud" montre aussi qu’une certaine tendresse s’installe entre Kim, Charles, Joey et David et, dans l’ensemble, le documentaire, qui mise sur l’aspect humain du groupe, apporte un bel éclairage sur ces quatre personnes qui ont planté des graines plus de quinze ans auparavant, des graines qui ont grandi au delà de toute espérance, et que les Pixies viennent désormais récolter.

Christophe Dufeu

PS : A noter, la BO est signée Daniel Lanois.

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