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Disques

Loney, Dear – Sologne

LONEY, DEAR – Sologne
(Dear John / Differ-Ant ) [site] – acheter ce disque

LONEY, DEAR - SologneEt puis arrive cette question que je déteste. Soit qu’on n’ait plus rien à se dire, soit, au contraire, qu’elle soit dans le parfait prolongement de la conversation. En tout cas, je la déteste, cette foutue question, et elle revient sans cesse, parce que figurez-vous, après neuf années de POPnews, je suis censé m’y connaître, en musique et en nouveautés nouvelles : "alors, Guillaume, qu’est-ce que tu as écouté de bien récemment ?".

Rien. Enfin si, juste, sans doute, au jugé, une bonne cinquantaine de disques cette semaine. Mais finalement, au moment de donner quelques noms, rien à dire, rien qui marque, si ce n’est, dans le meilleur des cas, les déceptions ou les trucs survendus ailleurs, donc autant dire rien, mais à ce moment-là, adieu crédibilité, aura de prestige, filles faciles et bonjour l’angoisse de passer pour un type blasé totalement déconnecté de l’agitation frénétique et palpitante qui agite le landerneau indie pop.

Alors voilà, depuis le début de l’année, Loney, Dear, alias Emil Svanägen, suédois de son état, a réalisé ce miracle : j’ai maintenant quelque chose à répondre à cette infamante question. Merci Emil.

Même si je lui suis infiniment reconnaissant, à Emil, je n’irai pas jusqu’à dire que son disque est génial, non, ni jusqu’à clamer haut et fort qu’il bouleversera l’histoire de la musique. Alors pourquoi lui ?

Peut-être pour son sens de l’artisanat pop qui ne paye pas de mine mais qui en fout quand même plein les mirettes. A moins que ce ne soit à cause de ses fulgurances mélodiques distribuées comme des bonbecs dans la cour de récré. Ou peut-être pour ses superbes arrangements, tes petites idées extravagantes qui transforment ses chansons en véritables petites pièces montées, sans la ramener ("Where Are You Go Go Going To?", "I Lose it All").

"Sologne", qui sort en France grâce au flair du distributeur Differ-Ant, fourmille des preuves de ce talent simple.

Les transitions sont évidentes, logiques et désarmantes à la fois. L’album se construit peu à peu comme un tout indissociable contenant de multiples teintes, de multiples personnalités qui s’accordent à merveille dans un décor bucolique. Dès le premier titre, "The Battle Of Trinidad and Tobago", qui valse allégrement dans un brouillard cotonneux et rassurant, qu’on retrouvera plus tard sur la magnifique et mélancolique "In With the Arms". Ajoutez à cela "The City, the Airport" et "Le Fever", deux tubes à l’évidence pop implacable, qui unissent les Beach Boys, Robert Wyatt (pour le dérapage vocal au beau milieu du pont de "The City") et The Notwist sans forcer et vous obtenez 35 minutes de pur extase pop. Et le pire, c’est qu’il peut faire mieux.

Alors, Guillaume, qu’est-ce que tu as écouté de bien récemment ? Loney, Dear, les amis, Loney, Dear.

Guillaume Sautereau

The Battle of Trinidad and Tobago
Where Are You Go Go Going To?
The City, the Airport
Le Fever
A Band
Take It Back
In With the Arms
Grekerna
I Lose it All
Won’t You Do?

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