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Interviews

Caribou – Interview

En prévision de la sortie le 9 octobre de son dernier album « Andorra », Daniel Snaith, l’artiste autrefois connu sous le nom de Manitoba, désormais réduit au Caribou, vient faire sa promo à Paris. Affable, volontiers disert sur son travail, il ne se livre pourtant à aucune analyse de son disque qui puisse réduire ce dernier en formules, surtout pas mathématiques (il est titulaire d’un doctorat dans le domaine, et, à ce propos, le lecteur qui saura expliquer en termes clairs ce à quoi renvoient les « Overconvergent Siegel Modular Symbols », sujet de cette thèse, gagnera notre estime). Loin de là, disque de pop résolument fractale, « Andorra » épouse une ligne sinueuse, passant de chansons tentant l’hybridation entre les Beach Boys et Spiritualized à une électronique languide et hypnotique proche des expérimentations de Boards of Canada. Comment en expliquer le mystère ? Quelques réponses du principal intéressé.

Comment pourrait-on qualifier ta musique ? Pop psychédélique, cela t’irait ?
Ouais, ça sonne bien. C’est parfait pour moi. Je suis sans doute la dernière personne à qui il faut poser la question, car je suis trop proche de ma musique pour savoir à quoi elle correspond pour celui qui l’écoute. Psychédélique, pour moi, ça signifie le mélange de différents sons, une sorte d’expérience sonique, et c’est vrai que j’ai cette démarche consistant à expérimenter, à incorporer aux chansons toutes sortes de choses, donc ça me semble un bon mot.

Est-ce que tes influences musicales se situent dans cet horizon-là ?
Je suis définitivement fan de la musique psyché des 60’s ou de ce que j’associe au psychédélisme dans les 90’s, My Bloody Valentine, Mercury Rev, Spacemen 3 ou Spiritualized. Mais j’aime aussi la dance music, le R’n’B, le hip hop, l’indie-rock, le krautrock des 70’s. Il s’agit plus pour moi de m’intéresser à telle ou telle idée musicale plutôt qu’à un genre spécifique. Peu importe le genre du moment que les idées sont bonnes, quoi.

Que représente pour toi la ville d’Andorre dont tu as donné le nom au nouvel album ?
La musique que je fais est une sorte d’échappatoire mentale. Je m’enferme dans petite ma chambre, mets mes écouteurs et tout de suite, je peux m’échapper dans la musique. Et cette ville est un peu le lieu imaginaire où mes chansons peuvent vivre, une cité à la fois luxuriante et romantique. Je m’imaginais donc que la ville d’Andorre était comme cela, mais quand je m’y suis rendu, c’était un peu ringard, avec ces magasins pleins de souvenirs pas chers, ces boutiques duty free vendant des cigarettes ou de l’alcool. Alors, je préfère continuer de penser que c’est cette ville imaginaire plutôt que la ville réelle.

En écoutant les quatre morceaux que tu as mis en écoute sur ta page myspace, je me suis dit qu’un des aspects spécifiques de ta musique était d’assembler quantité d’instruments, de détails sonores en cherchant toujours une ligne mélodique claire. Comment composes-tu en général et comment as-tu procédé cette fois ?
Cette fois, presque tout ce que tu entends sur les chansons a été joué par moi sur des instruments réels. Dans le passé, disons que les samples ont pu occuper parfois la moitié de la composition. Mais là, à part une ligne de harpe ou de violon empruntée, presque tout le matériel de départ de la composition a été enregistré par moi. Autrefois, j’avais tendance à ajouter boucle sur boucle et à construire le morceau ainsi, et je mettais le piano et les autres instruments à l’arrière-plan, mais cette fois, je me suis assis, et j’ai cherché vraiment à écrire des pop songs avec des vers, des chorus. Je voulais vraiment construire une sorte d’arche traversant toutes les chansons. Alors que d’habitude je composais et enregistrais presque en même temps, là, j’ai vraiment pris le temps d’écrire, de travailler la mélodie jusqu’à ce qu’elle sonne bien, pour seulement enregistrer ensuite le tout.

J’ai appris que tu venais d’obtenir un doctorat en mathématiques, et que ton père était lui-même professeur de maths. Est-ce qu’il y a un lien, à tes yeux, entre les maths et la musique ?
Non, pour moi, ce sont vraiment des choses distinctes. Je pense que je les aime de façon égale, car les mathématiques peuvent être vraiment créatives quand on a atteint un certain niveau, elles ont quelque chose qui est à la fois abstrait et élégant. Et d’une certaine manière, la musique aussi est quelque chose de mental : il s’agit parfois de concevoir abstraitement le meilleur assemblage de certains éléments. Ce sont des éléments communs aux deux qui font que je les aime. Mais je ne m’imagine pas du tout utiliser des formules mathématiques pour composer ou quoi que ce soit de ce genre.

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