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Montag – Interview


A l’occasion de la sortie de son beau deuxième album (« Going Places »), Montag, le projet electro du Canadien Antoine Bédard, vient enfin s’exporter dans la Vieille Europe. Le Québécois sera en première partie de Caribou le 28 novembre pour la première soirée entrée payante de la Flèche d’or (un Québécois en première partie de Caribou, fallait le faire !). Interviewé par le biais de mails transatlantiques, Antoine Bédard se livre malicieusement sur sa musique et son appréhension de la scène française.

J’aurais d’abord voulu savoir quelles sont tes influences musicales. As-tu commencé directement dans l’electro? Ce choix était-il pour toi une évidence ?
Mes origines musicales remontent à loin avec le classique que ma mère écoutait beaucoup quand j’étais jeune, beaucoup de musique baroque. Il y avait tout le temps de la musique qui jouait à la maison. Mon père est manifestement un de ces baby-boomers qui est resté accroché à sa musique d’ado : les Beatles, les Stones mais aussi des groupes un peu plus obscurs que j’ai beaucoup écoutés comme The Seeds. Et puis vers l’âge de 8 ans, la grande soeur d’une amie (qui elle en avait 16) m’a donné une cassette d’euro-pop avec du Duran Duran, Kraftwerk, Depeche Mode et même du Anne Clark. Je l’ai écoutée jusqu’à saturation complète. Je ne comprenais pas un mot des paroles mais j’ai eu le coup de foudre pour les synthés. Et c’est resté. Je crois c’est ce qui me lie à l’electro, au niveau des sons en tout cas, un amour des claviers analogiques. J’ai ensuite animé une émission de radio spécialisée en musique européenne pendant au moins 6 ans à la radio de l’université de Montréal. Le contenu était principalement de la musique en provenance d’Europe, plus particulièrement issue de la vague britpop. La liste des groupes qui m’ont marqué est donc très très longue. Je me suis orienté vers la musique électronique très naturellement puisque je n’ai jamais joué de guitare (souvent la source de toutes les musiques folk ou rock) et que les claviers ont toujours été une passion. Et s’il y a une musique qui se fait aisément seule, c’est la musique électronique.

Tu écris, composes et produis seul mais tu aimes toujours bien t’entourer. C’est un besoin de confronter tes idées ?
Ce n’est pas autant un besoin de confronter mes idées que de briser la solitude. Mon rêve a toujours été de former un groupe mais ma situation géographique a fait que je n’ai jamais réussi à trouver les gens qui étaient intéressés ou vraiment sur la même longueur d’ondes. Et puis comme Montag a commencé comme projet solo, c’est difficile de greffer des gens à un projet si personnel. Par contre, pour le temps d’une collaboration ou de l’enregistrement d’une piste ou deux de voix, ça se fait très bien et c’est la meilleure façon pour moi de ne pas devenir fou. En fait c’est vrai, c’est une façon de confronter mes idées, ou à tout le moins d’avoir un peu plus de perspective sur ce que je fais.

Comment as-tu organisé ces collaborations avec ces noms célèbres de la scène canadienne (Owen Pallet, Amy Millan) et américaine (Au Revoir Simone) ?
Ça s’est fait très simplement. Amy et moi nous connaissons depuis les débuts de Stars à Montréal, donc ça remonte à au moins 8 ans. J’ai évidemment toujours été un fan inconditionnel de sa voix qui, miraculeusement, se fond très bien dans le décor de Montag et nous avions déjà travaillé ensemble sur « Alone, not Alone », l’album précédent. Elle a été tout de suite très enthousiaste à l’idée d’enregistrer un morceau ou deux pour « Going Places ». Ça s’est fait très vite dans un appartement à Montréal… Ensuite, Au Revoir Simone et Montag ont fait une tournée au Japon et nous nous sommes tout de suite très bien entendus. Encore une fois, tout s’est fait très simplement, elles se sont enregistrées elles-mêmes à New York… Pour Owen, c’est un peu différent. J’ai rencontré James de Xiu Xiu au Mexique, on partageait la même scène et on a cliqué très vite. Je l’imaginais chanter sur le morceau « Softness, I Forgot Your Name ». Mais il était trop occupé (toujours en tournée!) au moment où j’avais besoin de l’enregistrer alors j’ai envoyé un email à Owen Pallett (que je ne connaissais pas personnellement) parce que je trouvais que ce morceau rejoignait son univers. Et il a tout de suite accepté, s’est enregistré lui-même à Toronto, et hop, c’était fait. Parfois, j’aurais souhaité remettre le rôle de « chef d’orchestre » à quelqu’un d’autre puisqu’à chaque fois, j’avais des directives assez précises pour les collaborateurs. J’aurais aimé passer plus de temps avec chacun d’eux pour les intégrer davantage dans la composition des morceaux.

Comment se déroule ton processus d’écriture ?
C’est très indéfini. Ça commence normalement par une balade en vélo. J’ai une mélodie en tête (parce que c’est vrai que ça commence par une mélodie en général). Je reviens à la maison et je l’enregistre. Je mets tout ça en banque, une tonne de mélodies souvent incomplètes. Puis j’en pige une qui me plaît encore après quelques jours (parce que, souvent, je perds l’intérêt pour mon idée initiale après quelque temps…) et je construis une structure autour du petit embryon mélodique. Parfois ça donne des monstres, alors je jette tout. Et parfois, ça colle parfaitement avec mon état d’esprit du moment. Il m’arrive aussi de composer des morceaux à partir de sessions d’improvisation, en jouant très longtemps sur le clavier, je finis toujours par trouver une idée qui me plaît. Mais ceci dit, je n’ai pas de méthode fixe. Je veux d’ailleurs composer le prochain album d’une façon complètement différente.

C’est-à-dire ?
En fait, c’est simplement un objectif de ne jamais faire les choses exactement de la même façon. J’aime la nouveauté et je ne veux pas tomber dans le piège de refaire un album avec une collaboration sur chaque morceau. Ceci dit, je ne sais pas exactement quelle direction je vais prendre pour le prochain disque. Un disque entièrement solo ou un méga collectif international ? On verra.

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