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Vic Chesnutt, Elf Power, Teitur – Concert au Café de la Danse, Paris, le 17 mars 2009

VIC CHESNUTT, ELF POWER, TEITUR – Concert Au Café De La Danse, Paris, Le 17 Mars 2009

Il est à peine 20h lorsque monte sur scène un jeune homme à l’allure de grand adolescent qui s’accompagne uniquement d’une guitare acoustique ; après quelques morceaux, Teitur (c’est son nom) se présente (on apprendra plus tard qu’il vient des îles Féroé et a une renommée qui commence à dépasser son palier).

Il n’a pas joué de guitare depuis quelques temps, nous dit-il en forme d’excuses (inutiles, il joue très bien) et vient d’enregistrer un titre pour le prochain Taratata (on n’a pas été vérifier). Côté musique, il joue des morceaux d’un folk anglais assez subtil mais dont les mélodies, parfois un peu trop sophistiquées, nous empêchent de vraiment pénétrer dans son univers (malgré une voix tout de même assez somptueuse). Quelques réticences aussi sur des paroles un peu trop au premier degré mais musicalement, les meilleurs moments peuvent évoquer le McCartney folk du début ou un Tom McRae symphonique mais dépourvu d’acidité. Notre voisin pionce.

A la décharge de Teitur, il continuera à dormir lorsque, après une courte pause, Elf Power (sans Chesnutt) viendra faire un sacré raffut sur scène. Le groupe d’Athens, en quintet, jouera une bonne demi-heure des morceaux d’un rock de facture assez classique : deux guitares, un synthé, une basse, une batterie et pas mal d’énergie ; ce n’est pas désagréable du tout (on dira que ça fait penser à du Tom Petty à la sauce indie, rehaussé d’un bon soupçon de psychédélisme) mais on s’aperçoit assez vite que leurs chansons manquent un peu de charisme.

C’est donc à point nommé que, vers 21h30, Vic Chesnutt fait son entrée sur scène aidé de ses porteurs. Drôle de contraste entre le corps chétif tassé au fond du fauteuil roulant et l’oeil goguenard qui scrute le public avec malice. L’oeil du type qui se dit, je vais leur jouer un sacré tour. Et effectivement ça ne loupe pas. Il démarre le set avec les lalalas incongrus de la chanson "Mystery", l’orchestre des Elf Power s’ébroue lentement et suit son maître chanteur avec une fausse nonchalance puisqu’en fait, il lui obéit à la voix et à l’oeil. Et ce sera un festival chesnuttesque : chant déchiré, hululements à faire frémir, confessions sur le fil, mises à nu superbes, solos de guitares d’une main atrophiée, le tout saupoudré d’une bonne dose de dérision entre les chansons… Bref, Vic est en grande forme. Il est tellement bien là, sur scène, à jouer les grandes chansons de son dernier disque ("Dark Developments") qu’à plusieurs reprises il invite les musiciens à rallonger la sauce des morceaux. Évidemment, on profite de ses largesses avec gourmandise. Dans la "fosse", un type raide comme un piquet le fixe comme s’il allait lui sauter à la gorge, à moins qu’il ne soit simplement cloué sur place par le charisme du petit bonhomme. Entre-temps, le groupe a décidé "de lâcher les chevaux", collant tout le public à son fauteuil, avant d’opérer un resserrage de bride, modelant ainsi l’ambiance de la soirée à coups de chansons cathartiques aux paroles faussement absurdes. Pour conclure le set, le songwriter va jusqu’à puiser quelques titres (mais trop peu, hélas !) issus de ses tout premiers albums, dont le magnifique "Independence Day" qui sera aussi le dernier "lâcher de chevaux" de cette belle épopée. 22h20, le groupe quitte doucement la scène pour laisser l’artiste éteindre les lumières avec "Sewing Machine", une magnifique berceuse – non sans avoir demandé auparavant, par l’entremise de son guitariste, si quelqu’un pouvait leur offrir du haschich. Rigolade générale. L’oeil de Chesnutt pétille une derrière fois. "I’m very proud of you, Jimmy", lance-t-il… Nous aussi, on est fier de toi !

Luc Taramini et Christophe Dufeu
Photos : Robert Gil – site www.photosconcerts.com

A lire également, sur Vic Chesnutt :
la chronique de "Dark Developments" (2008)
la chronique de « North Star Deserter » (2007)
la chronique de « The Salesman and Bernadette » (1998)

Sur Elf Power :
la chronique de "The Winter is Coming" (2002)
la chronique de "A Dream In Sound" (1999)

 

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