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Disques

Dieter Schöön – Lablaza

DIETER SCHÖÖN – Lablaza
(Headspin Recordings / Differ-Ant) [site]

DIETER SCHÖÖN - LablazaVoici une nouvelle perle rare venue tout droit du grand froid scandinave : "Lablaza", premier album de ce génial Suédois, est un objet blizzarroïde aussi ardu (de prime abord) que bouleversant (une fois en bouche). D’abord, on s’y heurte tant l’architecture est étrange et dense. Mais rapidement, on y retourne, avides de curiosité : déjà, le décor a changé. Sans même avoir le temps de la réflexion quant à savoir s’il s’agit bien du même disque, nous voici violemment emportés par une bourrasque tétanisante bien décidée à nous emmener, sans consultation préalable, à la destination de son choix : tu y es, tu y restes ! Préférant ostensiblement la témérité assumée à la séduction fédératrice, Dieter Schöön joue courageusement la carte du "ça passe ou ça casse". Et, sans conteste, ça passe haut la main. Ce qu’il y a d’intéressant avec la musique de Dieter Schöön, c’est qu’elle nous parle dans une langue peu courante qui n’a pourtant nul besoin d’être traduite pour être comprise. Alors, on écoute sans poser de questions. Au fur et à mesure que la glace se brise, le frisson s’intensifie jusqu’à ce qu’il nous envahisse définitivement. Ce qu’il reste de la givrure n’est laissé sous nos pieds que pour mieux nous permettre de nous adonner à d’euphorisantes glissades. Dieter Schöön est un maître dans l’art de l’aigre-doux et du contre-pied : le morceau inaugural est une sorte de rock new wave complètement barge à la Orchestral Manoeuvres In The Dark, au sein duquel se côtoie chaleureusement une multitude de sonorités complexes, toutes plus opportunes les unes que les autres. Inopinément, un court simoun hispanique vient réchauffer l’atmosphère, puis repart comme il est venu. Rejoint par un free jazz déjanté, le chaos ambiant, superbement maîtrisé, reprend la main et passe le relais à "Mary Jane". Ici, comme partout ailleurs, l’éclectisme bat son plein : introduit par des percussions africaines, puis remis sur rails à coups de claquements de mains et de fouets, l’ambiance mariachi cuivrée façon Calexico vire progressivement en une electro-pop ravageuse qui emporte tout sur son passage. "The Harbour’s Cold" continue sur la voie de l’electro-pop loufoque, avec ses guitares aux allures de générique de "K 2000" et ses textures vocales à la Bowie. Le temps d’un prélude "Soft and Slow" attendrissant, l’homme aux mille facettes nous plonge dans un western des temps modernes ("Hogface") qu’il vient saupoudrer d’une folie dissonante que n’aurait pas reniée les insolites Kiss My Jazz. Deux vibrations de guimbarde plus loin, "Jethead", digne des meilleures élucubrations jouissives de Beck ou de Gotye, se livre tout en mélodie pour finir sa course dans une electro-pop au rythme effréné. Je terminerai par le fabuleux "Everyone Must Leave", petit bijou mélodique construit tout en douceur autour de quelques percussions, d’une guitare discrète et de la voix maîtrisée du chanteur qui dévoile un nouveau pan de son talent. En conclusion, je ne saurais trop vous conseiller de vous lancer dans cette belle et rare entreprise qui, à l’image de la toute première pochette (non retenue pour l’édition française), est une véritable usine de trèfles à quatre feuilles.

David Vertessen

Manuel
Mary Jane
Warm Hearts
The Harbour’s Cold
Soft and Slow
Hogface
Lot’s of Free Shoes But Nowhere to Run
Jethead
I’ll Go There
Everyone Must Leave
Auf Wiedersehen

 

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