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Festivals

Les Eurockéennes – Édition 2009 : The Feeling of Love, Emiliana Torrini, Chapelier Fou, Yeah Yeah Yeahs, The Kills, The Prodigy

Après un périple en bus toujours aussi épique, il est temps pour Mickaël de planter sa mignonne petite tente Quechua au milieu du blitzkrieg franc-comtois et par la même occasion de rejoindre Julian, autre envoyé spécial de POPNews. Arrivé la veille, Mickaël n’a malheureusement pas eu le loisir de combattre, comme des milliers de personnes jeudi soir, une armada de taons aussi belliqueux qu’une section de SS devant Varsovie, ainsi qu’une antipathique donneuse de leçon accompagnant les stups à l’entrée de Belfort (sa merveilleuse répartie, « Vous avez joué, jeunes hommes! Eh bien, vous avez perduuuuu ! » servira d’ailleurs de leitmotiv pour le reste du festival). Quelques heures avant le début des festivités, on en profite pour revivre les éditions précédentes et ennuyer les fans de Slipknot en passant de la stax soul à fond les ballons. L’envie de partager ces trois jours de musique est bien là, donc en route !

Vendredi 3 juillet – The Feeling of Love, Emiliana Torrini, Chapelier Fou, Yeah Yeah Yeahs, The Kills, The Prodigy

The Feeling of Love

Ce premier jour du festival débute traditionnellement par un groupe français : The Feeling of Love. Nouveau talent repéré par les organisateurs, le trio alsacien a livré un set plutôt convaincant et, de fait, vu la jeunesse du groupe, très prometteur. Programmé à un créneau difficile, en début d’après-midi, sur la discrète scène de la Loggia, ils ont joué en formation serré une musique garage puisant allégrement dans les canons du genre, indéniablement énergique et d’une qualité mélodique évidente, ce qui ne fut pas le cas de tous les groupes présents durant ces trois jours, loin de là. On quitte la scène après trente minutes de plaisir pour rejoindre le chapiteau, où l’Islandaise Emiliana Torrini, malgré son enthousiasme, sa voix magnifique et un back-band très professionnel, a surtout réussi à nous provoquer un sérieux coup de barre. Les chansons se ressemblent beaucoup trop, usant souvent des mêmes gimmicks, et le tout se révèle trop propre et éminemment prévisible. Dommage, un cadre intimiste, par exemple, la scène de la plage, lui aurait probablement mieux convenu. Nous nous y dirigeons d’ailleurs, en arrivant juste au moment où Chapelier Fou s’apprête à donner son premier concert dans un grand festival.

Le chapelier fou

Première constatation : le jeune Rémois est assez grand. Tant mieux, sinon on ne le verrait guère derrière ses claviers et son ordinateur portable. Pour faire bonne mesure, il a aussi toute une myriade de pédales devant lui, ainsi qu’un violon et une guitare. Le concert décolle justement à l’instant où le musicien prend son violon et commence à en jouer. Les boucles électro que l’on entendait sont magnifiquement mises en valeur par le numéro d’équilibriste du chapelier, qui n’hésite pas à multiplier les boucles et les samples de ses efforts. Riche et érudite, la musique reste pourtant parfaitement accessible, à la fois lyrique et entraînante. Le mélange des aspects synthétique et analogique marche à merveille, Chapelier Fou apportant par sa gestuelle une expressivité qui achève de conquérir le public, malgré le degré d’exigence de sa musique. Très belle prestation, et donc présence pleinement justifiée pour une des révélations du Generiq 2009.

La chronique du EP de Chapelier Fou

20h30. Yeah Yeah Yeahs. Cas délicat. Je ne sais guère si c’est ainsi à chacune de leurs prestations, mais le groupe new-yorkais a visiblement beaucoup de peine à offrir le même niveau d’intensité que sur leurs albums. La plupart des titres ne décolleront pas, même ceux du dernier LP, pourtant taillé pour embraser une salle avec ses crescendos savamment étudiés (« Runaway », « Skeletons »). Le problème avec les Yeah Yeah Yeahs est que beaucoup de leurs chansons perdent une grande partie de leur efficacité lorsque le guitariste ne parvient pas à jouer correctement ses parties. C’est exactement ce qu’il s’est passé à de nombreuses reprises, même si on soupçonne la sono d’y être pour quelque chose. Les singles « Zero », « Maps » ou « Heads Will Roll », sont joués avec application mais sans le grain de folie qu’on attendait de la bande à Karen O. Ce ne fut pas pour autant un désagréable concert, malgré son manque évident de flamboyance. Fringuée comme une pouffe Barbie qui aurait choisi ses vêtement au pif chez Emmaüs, la chanteuse a pourtant tout essayé pour combler le manque de peps des prestations, et la pauvre a enchaîné postures équivoques, soupirs sensuels et cris de femelle en rut avec une ferveur impressionnante. Du moins assez pour provoquer des pogos d’une violence quelque peu affectée, quelques abrutis s’amusant même à envoyer de frêles jeunes filles valdinguer de droite à gauche comme de vulgaires hochets. Je m’en tirerais moi-même avec quelques griffures à l’épaule, administrées par une minuscule groupie au regard haineux et aux aisselles dégoulinantes. Charmant.

La chronique de « It’s Blitz »
La chronique de « Show Your Bones »

A la suite de Cypress Hill (invités surprise), c’est le duo anglais The Kills que l’on retrouve sous le chapiteau. Pas de grosses surprises au cours de ce concert, entamé par « U R A Fever » et qui va piocher avec équité dans les trois albums du trio. Cependant, on conseillera à Alison Mosshart les vertus du repos, tant la chanteuse sexy semble éreintée, les traits tirés et le regard vitreux, voire franchement antipathique. Heureusement, cela ne rejaillit pas sur la musique du groupe, toujours aussi énergique et brute, comme le prouve le toujours efficace « Cheap and Cheerful », dont les premiers rangs se régalent. Pas forcément le concert du festival, mais une honorable prestation. The Kills a fait le métier, comme on dit, assez soudé et concentré, malgré tout, pour ne rater aucune chanson.

The Kills

La chronique de « No Wow« 
La chronique de « Midnight Boom« 

Il commence à se faire tard, même si les concerts sont encore loin d’être finis. C’est donc sur le chemin du retour qu’on entendra les revenants de The Prodigy, toujours fidèles à leur mélange entre techno « boum boum boum » et rock survitaminé. La sono de la grande scène, manquant parfois de punch, ne permet malheureusement pas d’apprécier les titres du groupe anglais à moins d’être placés dans les cinquante premiers mètres. La colline ne tremble pas. Déçus, nous préférons donc regagner l’ambiance potache du camping, encore épargné par les foules ivres de musique et du reste, attendues aux alentours de 4h du matin…

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