THE LOVIN’ SPOONFUL – Daydream
(Sbme Special MKTS.) [site] – acheter ce disque
A la sortie de "Daydream" début 1966, le groupe, composé essentiellement du guitariste Zal Yanovsky et du chanteur/joueur d’harmonica John Sebastian, était déjà réputé pour un single à l’immense succès, "Do You Believe In Magic". L’album est très court, même pour les standards de l’époque, et terriblement daté, mais indéniablement bon, notamment grâce à la chanson-titre, qui atteindra la deuxième place des charts américains. Musicalement, ce second effort ne diffère guère du premier : toujours ce mélange unique entre le folk-rock alors en vogue et le vieux blues à la Mississipi John Hurt. Les Lovin’ Spoonful exploitent à fond le package made in Byrds fait de guitares carillonantes, de tambourins et de mielleuses harmonies vocales, sans pour autant oublier l’héritage des jug bands, qu’ils contribuèrent à remettre quelques temps à la mode avec leur premier LP. Le jeu de guitare de Yanovsky n’est cependant pas aussi original que celui de McGuinn et demeure certainement limité, trop fidèle à celui de John Lee Hooker et Big Bill Broonzy, qu’il admire. Le problème principal avec "Daydream" est que les Lovin’ Spoonful se révèlent complètement à la ramasse, écrivant comme si les Beatles, Bob Dylan et les Beach Boys n’avaient jamais existé. Ne vous attendez donc pas à des textes renversants et à des expérimentations sonores, même modestes. Ni Sebastian ni Yanovsky ne sont des magiciens de studio ou des innovateurs. Ils regardent clairement dans le rétroviseur, du côté du blues de Chicago et de la pop de la première partie des années soixante, ce qui ne fait toutefois pas d’eux des compositeurs ennuyeux. Seulement de sympathiques losers sur les bords.
"Daydream" est l’unique chanson vraiment géniale du LP, ce qui n’étonnera de toute façon personne. Vraiment, Lovin’ Spoonful est le genre de groupes que l’on aime en sachant pertinnement qu’il n’existe guère de raisons de les acclamer, et, sauf rares exceptions, desquels il ne faut rien attendre de plus qu’un paquet de titres catchy que l’on prend grand plaisir à écouter de temps à autre. "Butchie’s Tune", "Let the Boy Rock & Roll", "It’s Not My Time Now", par exemple. La musique des Spoonful ne va nulle part, n’essaie même pas une seconde d’apporter un grain de sable à l’édifice rock des années soixante et ne propose aucune idée originale. Elle ne fonctionne qu’à l’émotion, et, en ayant pleinement conscience, j’avoue me contenter de la jolie ballade "You Didn’t Have to Be So Nice" ou du charmant "Warm Baby". Pourquoi bouder son plaisir ? Il n’y a de toute manière que cela à tirer de "Daydream"… Ce qui n’est déjà pas si mal pour un album ayant près de quarante cinq ans et déjà complètement has-been à sa sortie.
Julian Flacelière
Daydream
There She Is
It’s Not Time Now
Warm Baby
Day Blues
Let the Boy Rock & Roll
Jug Band Music
Didn’t Want to Have to Do It
You Didn’t Have to Be So Nice
Bald Headed Lena
Butchie’s Tune
Big Noise From Speonk