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Interviews

Chris Garneau – Interview

CHRIS GARNEAU

Un soir de juillet sur les hauteurs de Belleville. Paris s’est assoupi. Chris Garneau est de passage après un concert aux Nuits de Fourvière à Lyon et avant de s’envoler pour le Brésil. L’artiste américain sortira le 15 septembre son deuxième album "El Radio", plus orchestré, moins tourmenté aussi que le très introspectif "Music For Tourists". Avec son piano et sa voix androgyne, il fait partie de cette caste de songwriters funambules que sont les Antony Hegarty, Jeremy Warmsley et Rufus Wainwright aux penchants (épanchements) lyriques. Nous nous asseyons à la terrasse d’un café, sur un trottoir exigu. Le soleil décline lentement. Le magnéto tourne. Chris Garneau répond en prenant soin de choisir ses mots. Délicat jeune homme.

Quel a été le point de départ de l’écriture de ce disque ?
Ma grand-mère est décédée et cela a marqué une nouvelle étape dans ma vie. J’ai commencé à voir les choses différemment, de manière vraiment introspective sur mon histoire, ma vie, mon expérience. Cela m’a permis de prendre de nouvelles directions. Pour la première fois, je voyais ma mère comme une enfant qui avait perdu sa propre mère. Elle s’est beaucoup occupée d’elle. J’ai décidé d’ouvrir mes bras à l’univers pour accueillir une nouvelle énergie. Le fait de voyager à travers le monde, de rencontrer de nouvelles personnes, de partager de nouvelles expériences m’a beaucoup apporté. Je me suis ouvert.

Ton album sonne de façon plus légère, est-ce une impression ou la réalité ?
Certaines chansons de ce nouvel album sonnent vraiment de façon légère et positive, mais il y a des chansons comme "Dirty Night Clowns" qui ont une histoire très sombre même si, musicalement, elles semblent très joyeuses. C’est quelque chose d’amusant pour moi de partir d’une émotion ou d’une histoire assez triste et de la convertir en quelque chose de lumineux par la grâce de la musique. Ça a du sens. Ce n’est pas forcément une décision consciente, parfois cela arrive par accident et j’adore ça. Contrairement à son apparence "No More Pirates" est une chanson pleine de colère. En fait, ça m’amuse de faire des contre-pieds.

Comment définirais-tu la musique que tu joues, peut-on la qualifier basiquement de pop ou est-ce quelque chose de plus complexe ?
C’est vraiment une expérience étrange de faire de la musique et de créer des chansons. Ce sont les autres qui désignent ce que tu fais par des qualificatifs comme pop, folk, etc. Dans ma musique, j’entends des genres très différents qui sont enfouis plus ou moins profondément : du folk, de la pop et plus profondément encore de l’americana et aussi des choses du début du XXe siècle comme le cabaret ou le vaudeville, et encore plus loin, du classique. Tous ces genres sont pour moi reliés entre eux par un très long fil qui forme un cercle.

Pourrais-tu écrire des musiques de films ?
Oui, quelques séries télé ont déjà emprunté des chansons que j’avais écrites. Mais, bien sûr, si on me proposait un projet intéressant, j’adorerais le faire.

Quand tu commences une nouvelle chanson, sais-tu toujours la direction que tu veux prendre ou tu te laisses guider par le hasard ?
Cela dépend. Ça change. Parfois, j’ai une image en tête et je sais exactement ce que je veux écrire et j’essaie de l’appliquer stricto sensu. Le reste du temps, je pars d’un tout petit quelque chose que j’essaie de faire grandir. En fait il n’y a pas cinquante façons d’écrire et pas de règles non plus.

Qu’est-ce qui est le plus important pour toi, la musique ou les paroles ? Qu’est-ce qui te demande le plus de travail ?
D’habitude, il faut que je parte d’un texte ou de quelques mots pour commencer à écrire quelque chose. Je veux dire qu’il me faut une amorce de couplet pour que le travail commence vraiment. Habituellement, la musique est plus facile à faire. C’est seulement après que je termine l’écriture des textes. Avant j’étais plus à l’aise avec la composition et moins avec les textes. J’ai vraiment bossé l’écriture de sorte qu’aujourd’hui, mon approche des deux est assez équilibrée.

Es-tu particulièrement exigeant avec les mélodies, disons dans une quête permanente de la mélodie parfaite ?
Bien sûr, j’aimerais pouvoir dire que toutes les chansons que je fais restent dans la tête des gens… La réalité c’est que je m’assois, que j’écris ce qui me vient. Je n’y réfléchis pas énormément. Je n’ai pas un rapport cérébral à la mélodie.

Dans la chaîne de fabrication d’un album, quelle étape préfères-tu : l’écriture, l’enregistrement ou la production ?
Je n’ai jamais vraiment aimé l’étape de l’enregistrement. C’est dur pour moi de capter ce que je veux vraiment jouer. Ce que j’aime le plus, en accord avec ma carrière et ma vie, c’est la scène. Etre en tournée, c’est vraiment pour moi une passion. Je préfère être avec mon groupe même si, par le passé, j’ai beaucoup tourné seul. J’aime vraiment avoir mes amis avec moi sur scène. Cela me donne beaucoup d’énergie.

Le fait d’être entouré sur scène, est-ce aussi un moyen de redécouvrir tes propres chansons que les autres musiciens se sont appropriées ?
Oui. D’ailleurs récemment, j’ai commencé à jouer avec des nouveaux musiciens. C’était super émouvant de voir que mes petites chansons prenaient vie à travers 5, 6, 7 personnes qui jouent en même temps. C’est quelque chose de très gratifiant aussi.

 

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