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Festivals

BBmix – Boulogne-Billancourt, Carré Bellefeuille, 24 octobre 2009

Après une première soirée plutôt orientée rock français (Les Shades, Ultra Orange) et avant une dernière expérimentale et new-yorkaise (Skeleton, Marc Ribot’s Ceramic Dog featuring la merveilleuse et rare Eszter Balint), le BBmix proposait une belle affiche, hétéroclite et savamment pensée : une poignée d’originaux, choisis pour faire entendre en solitaire les tonalités marquantes de leur idiome, suivis par un combo australien parti enflammer, sous l’assaut des guitares, la salle majestueuse du Carré Bellefeuille.

Dogbowl

Dogbowl (Stephen Tunney) ouvre la soirée, avec son air d’ancien college-boy goguenard, ses lunettes trop grandes pour être honnêtes et ses chansons de nerd, qui trouvent d’ailleurs pas mal de connaisseurs dans l’assistance. Il enchaîne sans sourciller ses odes à « Tarantula » ou aux Zeppelin, sa love song cramée (« Hot Day in Waco »), et réjouit par son mélange d’humour au second degré et de réel sérieux passionné dans l’exécution de sa musique : un grand gamin qui construit avec bravoure des chansons de série Z.

Le cas de Momus (Nick Currie) est à n’en pas douter encore plus tordu. Chantant sur une bande, sans musiciens, il arrive, en costume mais avec le visage caché par une sorte de keffieh, pour entonner un air en l’honneur du héros Beowulf, aidé par la puissante amplification de son iPhone. Puis il avance le visage découvert, mettant en évidence son habituel bandeau noir et un visage de presque sexagénaire assez juvénile et prêt à assurer la partie théâtrale du show. Dans des prestations dégingandées et souvent grotesques (entre la gesticulation sexuelle compulsive et de fausses danses de salon), il enchaîne les titres les plus reconnaissables de sa carrière, piochant surtout (parmi vingt albums) dans les titres de « Tender Pervert » qui ont plutôt bien vieilli. Ses obsessions (Dieu, le sexe, la mort) sont servies avec le savoir-faire d’un excentrique juché au-dessus de la mêlée, qui se permet – en ultime facétie – de livrer une version particulièrement buggée de « Ashes to Ashes » qui ne peut plaire qu’aux amateurs de profanations à la régulière. On aura le temps de voir sur les présentoirs à l’extérieur de la salle la traduction de son roman « Le Livre des blagues » (éditions La Volte), qu’on imagine aussi décapant que sa prestation.

Momus

Sans doute encadrée par trop de délire (Dogbowl et Momus) et d’assaut sonique (The Drones), la prestation en solo de Gravenhurst (Nick Talbot) apparaît un peu timide. Malgré la présence si caractéristique des éléments qui font la beauté de sa musique (une voix angélique, des accords répétés et suspendus qui font peser une insaisissable menace), la prestation ne passe tout à fait la rampe. Le chanteur, obligé de s’accorder par moments, ne s’y méprend pas, en présentant sa musique à un public pas unaniment conquis (« Nicole », sur la B.O. de « This Is England »), en plaisantant un peu jaune avec un ou deux spectateurs insolents, mais il maintient très dignement le set, et l’achève sur l’attendu (peut-être trop) « Black Holes in the Sand » qui montre la démesure sonore dont il est parfois capable.

Gravenhurst

Le rideau s’est ouvert sur une discussion informelle entre potes, mais les hommes (et femme) en noir de The Drones ne font pourtant attendre personne et démarrent pied au plancher un set flambant qui rassemblera aussi bien les fans de metal que les amateurs de distorsion et de chant égosillé, option Johnny Rotten. Le chanteur, Gareth Liddiard, sec comme un coup de trique, vit le set comme un shoot non-stop et éructe des chants qu’on devine pas faits pour la fan de Lorie, qui, rassurons-nous, ne parviendra pas à les comprendre malgré l’obtention récente de son TOEFL. Le guitariste Dan Luscombe essaie bien la plaisanterie et la connivence avec le public, mais à l’opposé de la scène, en trois quart dos méchamment provocateur, Fiora Kitschin jette des oeillades assassines à ce qui se passe alentour. Avec son look de Kim Clijsters brune et ses notes de basse grasse, elle ne baisse jamais la garde et s’appuie sur la rythmique méchamment pulsée de Michael Noga. Le concert alterne bruitisme, ruptures, riffs cinglants, avec une réelle incandescence et ne laisse pas le public souffler. Qu’ils reviennent vite !

The Drones

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