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Disques

Joanna Newsom – Have One On Me

JOANNA NEWSOM – Have One On Me
(Drag City / PIAS) [site] – acheter ce disque

JOANNA NEWSOM - Have One On MeDe "Ys" à "Easy", premier morceau de ce troisième et triple album de Joanna Newsom, un simple glissement sémantique, une maladie inflammatoire de l’écriture musicale signalée très tôt dans le parcours de la harpiste ("Inflammatory Writ" sur le premier album), une surenchère artistiquement suicidaire ? Les hypothèses les plus évidentes sont les plus faciles à écarter. Quatre ans ont passé depuis que "Ys", avec ses entrelacs, ses ruptures enchantées et ses enluminures Van Dyke Parks, est venu heurter l’ordinaire de la composition folk : disque baroque que sa démesure rendait parfois hermétique, "Ys" prenait également sur scène une dimension extraordinaire rappelant la générosité et la fraîcheur d’inspiration de son auteure. Joanna Newsom a donc pris son temps, laissé les détours de sa muse la conduire, corrigé à sa manière la dérive instrumentale qui la menaçait (les compositions sont ici resserrées sur quelques fondamentaux, le piano ou la harpe de l’Américaine, ainsi que les guitares, mandolines et banjos de Ryan Francesconi, la voix se fait extrêmement douce dans la moitié des morceaux qui s’apparentent à des berceuses ou des ballades atemporelles) et elle a divisé l’effort de l’écoute par trois, offrant plusieurs portes d’entrées dans l’œuvre, et cédant à l’auditeur une liberté qu’il pouvait avoir – à tort – le sentiment de perdre. Loin d’être le disque du trop-plein, "Have One on Me" est plutôt un parfait exercice d’équilibre dans la démesure, l’affirmation d’un talent pas fait pour se cacher et qui assume ses prises de risque. Elle revendique donc ces quelques compositions alambiquées au long cours qui ont fait sa marque de fabrique mais les love désormais dans le velours des cordes et d’une voix qui a trouvé sa justesse ("Have One on Me", "In California", "Go Long", Kingfisher"), et s’assure un renouvellement de l’écoute en parsemant çà et là ses galettes (de miel) de miniatures folk rêveuses ("Easy", " 81", "On a Good Day", etc.). Portée par une inspiration amoureuse toujours à la limite du merveilleux, elle fait mieux que recevoir les leçons de Joni Mitchell et Kate Bush et semble régulièrement dépasser les leçons des maîtres du genre : "Have One on Me" dresse ainsi une carte du tendre détaché des contraintes de la pesanteur, ouvrant entre ciel et terre de nouveaux horizons à la folk music. Qui dit mieux ?

David Larre

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A lire également, sur Joanna Newsom :
la chronique de « Ys » (2006)
la chronique de « The Milk-eyed Mender » (2004)

Disque 1
Easy
Have One on Me
’81
Good Intentions Paving Co.
No Provenance
Baby Birch

Disque 2
On a Good Day
You and Me, Bess
In California
Jackrabbits
Go Long
Occident

Disque 3
Soft as Chalk
Esme
Autumn
Ribbon Bows
Kingfisher
Does Not Suffice

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