Josh T Pearson n’est pas de la catégorie des songwriters à la productivité débridée. Il lui a en effet fallu onze ans pour dépasser l’étape Lift to Experience, et le sommet que fut « The Texas-Jerusalem Crossroads ». Mais le groupe est désormais inactif, et voilà notre barbu songwriter qui se lance, après tout ce temps, dans une carrière solo.
Josh T Pearson a roulé sa bosse, c’est certain. Sa grande carcasse, sa barbe, tout semble porter en lui les stigmates d’un passé usant, fait d’épreuves et d’embûches. Le risque aurait été de tomber dans la grandiloquence pour s’appuyer uniquement dessus et en faire un disque. Mais c’est tout l’inverse qu’a fait le Texan. Sept titres, c’est tout ce qu’il faut au songwriter pour nous fendre le coeur, nous prendre dans sa lumière et nous laisser, forcément, touchés. Portées par un dénuement quasi intégral, les chansons ont en elles un caractère presque sacré, avec leur déroulement au long cours, leur intensité contenue et leurs questions de rédemption, de pardon, de personnes amochées et qui cherchent toutes un salut, à quitter les ténèbres, à rejoindre l’être aimé. La guitare et la voix de Josh T Pearson (avec parfois le renfort d’un violon, à couper le souffle) nous entraînent dans un ailleurs, à un rythme profondément humain (les chansons respirent, vivent puis semblent s’éteindre, avant de renaître, parfois dans un souffle), avec une générosité qui les rend d’autant plus exigeantes. Il y a en elles tellement de mise à nu (des sentiments des personnages qui les habitent ou de leur auteur ? peu importe) qu’il faut se donner au disque, s’abandoner aux chansons et se laisser porter pour toucher le coeur de ces morceaux, de ce disque si pur. C’est seulement à ce prix-là que l’on peut se laisser posséder par ces histoires, qu’elles nous racontent le dilemme moral d’un homme marié qui en aime une autre (« Honeymoon Is Great, I Wish You Were Her ») ou les souffrances d’un homme en quête de rédemption (« Sorry With a Song »), mais où perce toujours un peu d’espoir, de lumière. Et quand Josh T Pearson nous dit de sa voix essoufflée : « Honestly, why can’t you just let it be ? », on comprend qu’il nous donne avec ces simples mots les clés de son royaume. Une chance inestimable et unique.