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Concerts

Dark Easter part 1 : Ô Paon, Mount Eerie, Earth, Strand (Stockholm), le 5 avril 2012

Les festivités pascales commencent par nos retrouvailles avec Geneviève Castrée et son projet Ô Paon, beaucoup trop rare dans les salles de concert. Elle prévient le public qu’elle est malheureusement malade, la tournée de cinq semaines en compagnie de Mount Eerie et Earth approchant de sa fin. Malgré ces précautions, Geneviève parvient sans problème à nous embarquer dans son univers singulier. Geneviève s’aide de quelques pédales, dont une loop machine, elle sample des choeurs et s’appuie sur quelques notes de guitare bien choisies. On constatera une fois de plus son talent dans une certaine économie musicale et un riche déploiement de mélodies complexes au chant. Elle semble réellement donner vie à ses chansons, fermant les yeux, ponctuant certaines phrases de gestes théâtraux plein d’intensité.

Ô Paon1

Les Suédois ne doivent pas capter grand chose à ces étranges chansons interprétées en français mais leur sens et la puissance dégagée se ressentent dans le caractère attentif du public, venu majoritairement, a priori, pour Earth. Pour nous, Geneviève fait partie de ces rares artistes utilisant la langue française et devant lesquels on est soufflé par leur présence et la force de leurs chansons. Sa voix fragile et forte à la fois laisse sans voix, comme celle de Julie Doiron, et on est impressionné par son jeu avec les micros et les distances. Malade, Geneviève ? Elle démarre le concert invoquant la « Sainte Patronne de Rien Pantoute » de l’album « Courses » et on ne moufte pas. Elle interprète d’autres chansons du dernier album, dont « Aeroport/Evolution », dont on apprécie les samples de chœurs, la guitare entêtante et le son prenant mais on est surtout enthousiasmé par les nouvelles chansons présageant de nouveaux enregistrements, notamment la dernière, évoquant un peuplier, qui nous colle la chair de poule.

Ô Paon

On attendait les émouvants « Chevaux » mais ce peuplier nous a tous bien secoués. D’ailleurs, pendant qu’elle range son matériel, on remarque un ballet d’enthousiastes qui viennent la féliciter pour son concert. Quand la reverrons-nous ? Le plus tôt possible, espérons-nous.

Phil Elwerum de Mount Eerie prend la suite, lui aussi, seul sur scène. On s’attend alors à un concert plus calme que pour ses précédentes tournées où il était accompagné d’un groupe réunissant des membres de No Kids, qui faisait ressortir le côté le plus orageux de Mount Eerie. Il n’en sera pourtant rien : armé d’une douze cordes et de plusieurs pédales, cette nouvelle incarnation de Mount Eerie n’est pas le visage folk attendu mais plutôt celui d’un groupe de rock solo.

Mount Eerie1

Grondements, nuages sonores, échappées mélodieuses de riffs enjoués : Phil utilise sa guitare comme une palette de couleurs. Si les morceaux (tous nouveaux) ont une lointaine parenté avec ce qu’on connaît de Phil Elwerum, on est encore dans un autre monde. Je crois reconnaître un morceau à paraître sur le 45 tours d’Atelier Ciseaux mais je n’en suis guère sûr. Les morceaux de Phil ressemblent de plus en plus à des poèmes, accompagnés de musique, soit illustrant les propos, soit exprimant des sentiments ou des impressions plus ou moins liés au texte. Je ne sais pas si la poésie de Phil est spinoziste, comme le prétendait le texte de présentation du concert parisien, mais l’évocation de la nature y est très présente et puissante.

Mount Eerie2

On a hâte, pour le coup, d’entendre les deux nouveaux albums à paraître cette année et de découvrir leur nouvelle instrumentation et la nouvelle orientation de Mount Eerie, projet toujours changeant et faisant même du changement l’un de ses matériaux les plus importants.

Suit le concert des drones métalleux Earth, présentés par le patron de Strand, Conny, comme, ni plus ni moins, l’un des meilleurs groupes du monde ! Là aussi, le changement dans la continuité est une véritable politique auteuriste. Que d’évolutions depuis le retour aux affaires de Earth ! Rien que depuis notre dernière rencontre, ici même, l’an passé, le duo Dylan Carlsson/Adrienne Davis a considérablement maigri et gagné en légèreté musicale.

Earth2

Les drones sont toujours aussi impressionnants mais certains nouveaux morceaux vibrent de nouvelles couleurs… psychédéliques. Fini le noir et gris du Earth country métal de « Hex ; or printing the infernal method », on trouve à présent des irisations sur les longs développements de riffs au ralenti avec des morceaux où la guitare de Carlsson se fait presque douce, moins forte mais plus colorée que précédemment. On nous avait annoncé une influence folk anglais à la Pentangle sur le nouveau diptyque « Angels of darkness, demons of light » 1 et 2, et effectivement, on sent que La Monte Young n’est plus le seul génie tutélaire d’Earth, qui revisite un large pan de sa discographie (« Old Black », « Tallahassee », « The Bees Made Honey in the Lion’s skull »…).

Earth3

On sent, là aussi, une certaine fatigue de fin de tournée (Lori, la violoncelliste, se plaindra de problèmes techniques) qui s’effacera au fur et à mesure du concert, finissant, notamment, sur un déchaînement d’éclairs de larsens d’un Dylan Carlsson accroupi devant son ampli, manifestement très habile, et ravi, dans la production de sons divers et variés.

Earth1

Vivement les prochaines mutations et la suite des aventures extraterrestres.

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