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Disques

Le Ton Mité – Version d’un ouvrage traduit

Le Ton Mité - Version d'un ouvrage traduit

C’est une espèce de voyage dans le temps. McCloud fouille ses archives et envisage une sorte de solde de tout compte avec son passé et son arrivée en France. De la tournée avec Medhi Michaud (guitare), Céline Perier (violoncelle), Christophe Ratier (clarinette alto et claviers) et Jonathan Bugrun (percussion) il y a plus de six ans, il ne reste que des souvenirs et un enregistrement dans le studio Chaudelande. Ce sont précisément ces souvenirs qui remontent comme une vieille madeleine de Proust à l’écoute de ce « Version d’un ouvrage traduit » : la découverte de Le Ton Mité, aux prises avec un ventilateur capricieux, dans un bar rouennais, et qui m’a ému gravement en interprétant « Les Martinets », chanson de peu a priori (le texte intégral étant : « Où allez-vous les martinets ? « ) tout en agitant des martinets en papier. J’étais tellement enthousiaste que je lui ai demandé à la fin du concert d’échanger son polo contre le mien et je le garde encore comme une précieuse relique. En plus, il y avait sur ce polo (ils s’effacent depuis hélas) quelques mots écrits par The Curtains. Depuis cette épiphanie musicale, je suis un converti à la poésie japonaise bien que chantée en français de Le Ton Mité. Grand bien m’en a pris car il m’a révélé d’autres officiants géniaux, comme Maher Shalal Hash Baz dont on ne parle pas assez.

Forcément, ce disque me touche donc et j’espère qu’il en touchera d’autres car les répétitions reichiennes de « Les Martinets » sont hautement addictives et cette version studio est pleine de détails captivants (les percussions, les bruits de clarinettes entre autres). La lune rousse est une belle évocation musicale de ce phénomène nocturne avec ses claviers fantomatiques, la voix légèrement réverbérée, les toms basses caressés et couverts par quelques cymbales frottées.

On oscille entre le bizarre, le jazz, la pop en moins d’une minute avec « La porte ». On y trouve des « Feux d’artifices » musicaux, des miniatures à la guitare (« Grenier »), des constellations évoquant l’immensité en 2’27, et même des chansons rappelant les premiers Deerhoof (« L’Etang »). Et McCloud va jusqu’à chanter en japonais sur « Hibanaga » ! Popeux de tous les pays unissez-vous. Ces symphonies pop de poche sont définitivement à placer à côté de l’autre chef-d’œuvre enregistré dans le même studio avec plus ou moins les mêmes protagonistes, « C’est la dernière chanson » de Maher Shalal Hash Baz.

Cette sortie vient à temps pour rappeler aux fans de Hoquets que McCloud a un bien beau projet personnel qui mérite tout autant le succès.

Ajoutons enfin que ce 33 tours a une très belle pochette sérigraphiée par Anne Brugni et qu’il contient un masque à découper soi-même.

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