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Disques

Norah Jones – Little Broken Hearts

Norah Jones - Little Broken Hearts

Stupeur et tremblements. On est depuis longtemps habitué à chérir des artistes à qui le coeur prend bon an, mal an, de changer de division : montage en grade, s’ils en sont capables, qui entraîne de notre part désamour et regret. Mais l’est-on à l’inverse ? Se trouve-t-il autant que ça des groupes ou chanteurs big in Japan, ou plutôt big in partout, qui soudain, sans raison apparente, décident de s’offrir une retraite, de devenir PLUS PETITS, autrement dit de quitter leurs sons, leurs habitudes et le terrain qu’ils ont conquis ? Non, hein ? On est d’autant plus surpris d’accueillir au club Norah Jones, que vraiment, à aucun moment de notre vie, sa musique n’a compté. Folk-jazz de charme, pourquoi pas ? Mais sans nous. Et voilà que « Little Broken Hearts » nous chavire. Littéralement. D’abord sa voix qu’on avait entendue et qu’on trouvait jolie, voilà, et bien, là, elle nous transperce (« After the Fall », ourlé et déchirant). Et ses chansons qu’on voyait en papier peint pour romance américaine Deluxe, et bien nous en sommes fous : « 4 Broken Hearts » – ses choeurs, son enrauquement country -, le viscéral « Take It Back », l’irrésistible « Say Goodbye » avec son gimmick de guitare nippon-friendly, tout ou presque (le violoncelle de « Travelin’ On » gâche un peu). Que s’est-il passé ? Une rupture doublée d’une rencontre heureuse avec un ami producteur, le classieux Danger Mouse. D’où ce disque du tout ou rien qui réinvente Norah Jones en Shivaree atomique sans les minauderies d’Ambrosia Parsley. On n’en revient pas. Même quelques compositions plus flottantes dégagent le charme du laissez-faire, mon coeur est brisé. Et les arrangements inventifs à tomber imposent des couleurs chaudes et nocturnes. On se souvient d’une chanteuse plus intime, Marissa Nadler qui avait tenté l’ouverture, sous la houlette de l’habile Chris Coady, pour un résultat mitigé à titre bienvenu : « Little Earthquakes ». « Little Broken Hearts » – ce goût du petit, déjoué par les faits –  aurait pu s’appeler « Great Earthquakes ». Car l’amour, c’est un tremblement de terre (toujours) et ce disque notre couverture chauffante du printemps.

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