Ici, la recette est simple. Notre homme réinvestit le pire du pire du gangsta (c’est à dire le meilleur) et l’atmosphère gothique mal dégrossie du Three 6 Mafia des années 90, et cuisine tout cela avec une hargne caractéristique des rappeurs blancs, et avec les sons hallucinés du hip-hop indé d’il y a dix ans, du genre qui font délicieusement mal aux oreilles (cf. la première plage, « No Slack in My Mack »). Cela est agrémenté à l’occasion par des voix de zombies et des mélodies mortuaires (le piano de « Hoeish Ass Bitch »), cultive un goût pour les morceaux fracturés (« Mona Lisa Overdrive ») et navigue sans cesse de beats graves et vaporeux et de coulées de synthé sales à de la pure agression sonore.

Cette agression, bien entendu, est également verbale. Sur Mista Thug Isolation, il est question de « bitch » à tous les étages, de traiter les femmes comme des prostituées, comme nous y avait invités autrefois le Ruler (« Slick Rick »), de fumer des joints (« Radiation »), de décharger son Uzi (« Bitch I’m Lugubrious », présent en deux versions) et de boire du jus de cafard (« Cup Fulla Beetlejuice »). C’est too much, tout le temps. Mais c’est précisément cela qui est jouissif, si l’on pardonne à Lil Ugly Mane d’avoir fait bien trop long, ou d’avoir qualifié de bonus des titres qui auraient eu toute leur place au coeur de l’album.