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Hot Chip – In Our Heads

Hot Chip - In Our Heads

Comme tout groupe unique, Hot Chip est composé d’individualités marquées et pourtant supérieur à la somme de ses composants. On se dit ça en écoutant « In Our Heads », assez facilement leur meilleur album, et en se remémorant tous les extras récents que ses amateurs de « coups d’une vie » se sont autorisés. Alexis Taylor et Joe Goddard, principalement, ont de nombreuses aventures solos ou échangistes avec plein de sommités, de Bernard Sumner à Robert Wyatt, mais rien absolument, rien n’égale Hot Chip. Le gros et le petit, le grave et l’aigu, le douloureux, le lymphatique, une histoire de contraires qui marie pour le meilleur ces Laurel et Hardy du groove. Il y a un bail, Bill Callahan chantait avec Smog, sa version sinistre d’un Prince « alone in the studio ». Et bien, chez Hot Chip, il jamme avec toute la famille et s’amuse beaucoup. L’obsession de Taylor pour le chanteur pourpre – et plus généralement du groupe pour toutes les musiques noires – donne lieu à de légers décadrages par rapport aux modèles adorés qui forment l’essence de son charme, ce contre quoi on ne peut lutter. Hot Chip est un groupe-jouet qui serre le coeur et fait danser à la fois. « Look At Where We Are » pose ici en slow soul de très bonne facture – les tempos lents étant le point faible du quintette, on jugera de la santé qu’il affiche à cette réussite. Deux morceaux sont déjà des classiques, en premier lieu l’inaugural « Motion Sickness » qui démarre comme un Trans-Europe-Express à vapeur avant de gagner en vitesse et en ampleur, grâce entre autres à Alexis Taylor, absolument impérial tout du long. Construit sur une comptine samplée avant que son presque fausset déchirant ne prenne le relais, « Flutes » parvient à être totalement dansant et bouleversant à la fois, ce que l’on n’a guère entendu depuis « True Faith » de New Order : on espère juste qu’aucun tueur psychopathe ne l’utilise dans les deux décennies à venir en toile de fond à ses méfaits (ce qui devrait être possible). D’aussi remarquables compositions déséquilibrent un peu « In Our Heads », mais le groupe possède quelques cordes suffisamment tendues pour soutenir l’intérêt (le quasi DFA « How Do You Do ? », « Night And Day » et ses synthés rigolards). Les écoutes se succédant, on se surprend à penser que cette musique ne ressemble à rien, que le groupe a atteint la vitesse de croisière où il est parfaitement lui-même, où toutes les influences ont été digérées et transcendées. Même les choeurs boys band de « Let Me Be Him » ont un sens dans cette rutilante et modeste horlogerie. Et leur art pudique et discret de résonner à nos oreilles encore et encore, « over and over »…

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