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Concerts

Neil Hannon (The Divine Comedy) en voyage à Nantes les 18 et 19 octobre 2012

Cette année se seront succédées au Lieu Unique plusieurs références incontournables de la scène musicale indépendante des années 90. Des figures de proue, chacune dans leur genre : la pop lo-fi, naïve et crève-coeur de Daniel Johnston (concert accompagné d’une exposition de ses dessins), le rock noisy expérimental mais toujours pop de Stephen Malkmus (ex-leader de Pavement) et, donc, la pop (habituellement) orchestrale, classique et classieuse de Neil Hannon, mieux connu sous le nom de The Divine Comedy.

Comble du comble pour un artiste qui a toujours habillé ses chansons d’arrangements grandiloquents – sa marque de fabrique -, Hannon se produit seul sur scène, comme il en a l’habitude depuis quelques temps. La venue du monsieur à Nantes n’en est pas moins Unique puisque ce n’est pas à un concert de The Divine Comedy que les Nantais ont droit mais à deux, voire trois, pour les plus chanceux : un premier dans la grande salle du Lieu Unique, un deuxième dans un amphithéâtre de taille moyenne de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture et un troisième dans un lieu intime, tenu secret jusqu’au dernier moment. Nous avons assisté aux deux premiers.

C’est une évidence : on adore Neil Hannon. C’est justement parce qu’on admire son travail que l’on ressent un mélange de hâte et d’appréhension à l’idée d’assister à ses concerts promis comme « intimes ». Hannon en solo, sans les arrangements, ça vaut quoi ? Est-ce toujours du Divine Comedy ? Et puis, assister à deux concerts d’un même artiste deux soirs de suite, est-ce bien sérieux ?

Neil Hannon
Dès l’arrivée de l’Irlandais sur la scène dénudée du Lieu Unique (un piano, une guitare pour seul décor), nous voilà rassurés. Les chansons de Neil Hannon se suffisent à elles-mêmes. Pas besoin d’un orchestre polyphonique pour en retranscrire toute la beauté. Au contraire, entendre les grandioses « National Express » ou « Tonight we Fly » simplement joués au piano ne fait que renforcer l’admiration que l’on porte au songwriting d’Hannon. Un modèle de perfection pop : des mélodies à tomber par terre, lumineuses et évidentes, au service de paroles toujours pertinentes, plus proches d’un storytelling à la Brel (magnifiques « A Lady of a Certain Age » et « Our Mutual Friend ») que des poncifs habituels, vaguement poétiques, entendus chez bon nombre de ses contemporains. Tout sauf de l’esbroufe.

L’interprétation n’est pas en reste. La voix d’Hannon est aussi à l’aise dans les graves distingués à la Scott Walker que dans les aigus mélodieux (splendide final, en apesanteur, de « Summerhouse »). Côté instrument, sans être un grand technicien, le jeu du bonhomme fait plaisir à entendre. Il s’amuse – nous aussi -, s’arrête en début de morceau, comme perdu, pour le recommencer, rigole des fausses notes assez récurrentes sortant de son piano (hilarant « At the Indie Disco », que l’on découvre dans « la pire version qui n’en a jamais été faite », dixit le maestro).

On l’excuse de ces quelques approximations, bercés que nous sommes par ces chansons que l’on connait de toute façon par coeur. Et, cerise sur le gâteau, l’humour so british du monsieur (Irlandais, oui, mais du Nord) est délicieux. L’allure déjà : chapeau-melon, pipe, attaché-case – même accoutrement que sur la pochette du dernier album en date « Bang Goes to Knighthood« . Et les blagues : entre loufoquerie (Hannon fouille dans son cartable dont il sort divers objets : une cigarette électronique, un guide touristique de Nantes, sa clé de chambre d’hôtel dont il donne le numéro) et autodérision (« Le pire, c’est que je m’entraine ! » en référence à ses approximations pianistiques).

Neil Hannon

Le lendemain, donc, rebelote dans l’amphithéâtre de l’Ecole d’Architecture. Neil arrive plus décontracté que la veille (veste et cravate toujours, mais sans l’accoutrement British). « Je suis mieux réveillé aujourd’hui qu’hier » prévient-il. Ça y est. On retrouve notre Neil de la veille, son humour, sa générosité et ses chansons. Et – c’était le pari du concept – on ressent une intimité croissante avec le chanteur, et pas simplement parce que la salle est plus petite que la veille et qu’on est idéalement placé au premier rang.

Beaucoup de chansons sont rejouées ce deuxième soir, dans des versions identiques, évidemment, mais avec toujours ces petites imperfections qui font qu’au final, chaque version donnée est unique. Il y a des nouveautés aussi. Enfin, plutôt d’indispensables vieilleries : retour à « Liberation », l’album séminal de Divine Comedy avec les mélancoliques « Your Daddy’s Car » et « Lucy ». Et même une cover : « Time to Pretend » de MGMT (a priori nettement moins à propos que le malicieux « Short People » de Randy Newman, la veille) que l’on prend d’abord pour une blague quand Neil en pianote la petite mélodie d’introduction, avant d’en donner une version intégrale finalement déchirante.

Les blagues sont encore plus loufoques que la veille. Neil a pris un coup de froid et prévient d’entrée que du liquide risque de couler de son nez sur le clavier (sic). En fin de spectacle, il revient tout étourdi pour le rappel, expliquant qu’il s’est pris une fenêtre en pleine figure backstage, voulant sortir prendre l’air et n’ayant pas vu la vitre. Le concert – et, pour nous, le Voyage de la Divine Comédie à Nantes – se clôt idéalement sur le délicieusement léger « I like », suivi du magistral et très poignant « The Dogs and the Horses », digne du Scott Walker de la grande époque. Standing ovation. Pour tout : les chansons, l’interprétation, l’humour, la profondeur de ces deux soirées inoubliables. Et la poésie qui émane de tout ça.

 

Setlist Lieu Unique

The Complete Banker
Geronimo
Generation Sex
When the Lights Go Out All Over Europe
Charmed Life
Going Downhill Fast
Jiggery Pokery
National Express
Perfect Love Song
A Lady of a Certain Age
Songs of Love
Assume the Perpendicular
Snawball in Negative
Bang Goes to Knighthood
Short People
The Summerhouse
Neptune Daughter
A Drinking Song
Ten Seconds to Midnight
Tonight we Fly
At the Indie Disco
Our Mutual Friend

Setlist Ecole d’Architecture

Assume the Perpendicular
Your Daddy’s Car
The Complete Banker
Bang Goes to Knighthood
When the Lights Go Out All Over Europe
The Lost Art of Conversation
A Lady of a Certain Age
Perfect Love Song
Don’t Look Down
Generation Sex
Births, Deaths and Marriages
Eeveybody Knows (Except You)
National Express
Becoming More Like Alfie
Lucy
The Plough
Time to Prentend
Geronimo
Our Mutual Friend
Tonight we Fly
Charmed Life
I Like

The Dogs and the Horses

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