Oh, ça reste du pur Rick Ross. De sa voix grasse et chaude, et comme l’indique le titre de la mixtape, le rappeur creuse sa veine habituelle, celle du m’as-tu-vu s’imaginant en baron de la drogue, étalant un style de vie nouveau riche fantasmé, manifestant une passion exclusive pour un argent bien mal acquis, et ravalant les femmes au rang de chair à saucisse (« I pay for that pussy, I go shopping for hoes » : classe). C’est la vieille posture habituelle, éclatante, matérialiste, immorale et insolente, mais dans son expression la plus aboutie, avec un Rick Ross qui n’a jamais dégagé autant d’allant, d’inspiration et d’assurance, et servi comme jamais par des beats de tueurs que lui ont pondus une palanquée de producteurs, Lex Luger, J.U.S.T.I.C.E. League et tant d’autres.

Tous les titres ou presque sont irréprochables, et certains franchement remarquables, comme ces rouleaux-compresseurs que sont « MMG Untouchable » avec son synthé virevoltant, le conquérant « Yella Diamonds », l’atmosphérique « Triple Beam Dreams » où l’on croise un Nas en forme, l’instru façon film de fantôme de « Last Breath », l’enlevé « I Swear To God », le presque dissonant « King Of Diamonds ». Rien ici n’est en trop, pas même les roucoulements R&B téléphonés de John Legend ou les nappes de synthétiseur emphatiques de « Rich Forever », même pas les faux violons grossiers et le refrain en auto-tune de celui qui s’est fait maître du genre, Future, sur « Ring Ring ». C’est du lourd, c’est du grandiloquent, mais ça sied parfaitement au personnage incarné par Rick Ross : rude, intouchable, étincelant et démesuré. Fermement installé sur le toit du monde.