Lorsque le fondateur du site Awesome Tapes from Africa est venu mixer à Stockholm, il y a quelques mois, nous l’avions bien senti, il se tramait quelque grande chose. Trouver des cassettes et les ressortir proprement, voilà une gageure. Elle a entraîné Brian à rechercher la trace de Hailu Mergia dans son taxi, non pas en Ethiopie, mais… à New York ! Apprenant qu’Hailu joue encore, il lui propose une tournée. Tony Buck, batterie, et Mike Majkowski, contrebasse, assurent le backing band.
Grande soirée à Stockholm donc, d’autant plus que Damien Jurado, joue en première partie de soirée dans le théâtre attenant, solo et en parka. Mais de ce concert, vous ne saurez rien. D’ailleurs que faut-il en dire que vous ne sachiez dèjà ? Magistral ? Touchant ? Drôle ? Terrifiant ? Tout ça à la fois ! Jurado quoi. Attendons la sortie de l’album en janvier et son retour sur scène en groupe !
Dans le club Etablissemanget, Gavin Maycroft aka Mother s’est mis en frais pour proposer le retour scénique d’Hailu Mergia. Comme souvent, à Stockholm, le piano bastringue (un peu désaccordé mais qu’importe, cela n’en est que plus amusant) qui traînait là, est mis à contribution. Hailu Mergia, vieux bonhomme charmant, un peu bedonnant et boudiné dans son trois-pièces, bourrinera dessus de ses doigts agiles pendant toute la soirée, le quittant occasionnellement pour son synthé ou son accordéon, toujours joué de la main droite.
Nous serons gâtés : les mélodies traditionnelles issues de son album ressorti cette année, « Hailu Mergia and his classical instrument : Shemonmuanaye », sont réinterprétées live avec cet heureux décalage induit par le backing band. Là où Hailu faisait tout lui même par le jeu des samples, on retrouve ici le côté tradi, musique vivante, jazz, sans le côté retro-futuriste des claviers. L’éclairage n’est pourtant pas passéiste : comme Mulatu Astaké sur scène récemment, Hailu s’est entouré de musiciens jeunes qui n’hésitent pas à durcir le propos, ni à mastiquer des chewing gums pendant la totalité du set.
Ainsi, Tony Buck, le batteur, cognera de manière très intense mais toujours subtile et quelques fois presque… métal. On n’est visiblement pas là pour rigoler : danser, s’amuser, oui mais avec engagement, à l’image de quelques membres de la diaspora éthiopienne au premier rang, tenue de soirée brodée ou pas, qui font le show.
Pendant le rappel, un incident de micro côté Mergia force le batteur, en plein solo, à hurler pendant les breaks, des trucs comme « Shut the mic !!! » ou « DI !! Seven !!! » transformant une galère de scène en joyeux et furieux happening.
Lou Reed chantait « My life was saved by rock’n’roll ». Nous ne savons pas si les nôtres le seront mais, si c’est le cas, ce sera peut-être, aussi, grâce à la bénédiction que Hailu a demandé à Dieu pour nous avant de sortir de scène. Grand Monsieur.