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Disques

Lou Reed – Metal Machine Music (1975)

Lou Reed - Metal Machine Music

 

Ce qu’il y a de bien avec Lou Reed, c’est que c’est un bon parrain. On le retrouve facilement à tous les âges de la vie et ses disques nous accompagnent ainsi que nos différents visages et évolutions. Après avoir copieusement abusé des albums du Velvet dans une post-adolescence qui s’éternisait, j’ai retrouvé, un peu plus tard, mon Lou Reed dans la phase la plus hardcore de mon développement personnel musical : la musique expérimentale et son versant le plus vicieux, la noise. Bien sûr, Loulou est plus old school que le harsh-noisiste Merzbow et fait dans la guitare. Un vice en entraînant un autre, bien que pouvant céder facilement aux sirènes du téléchargement, j’ai longtemps cherché mon exemplaire de « Metal Machine Music » en vinyle pour le trouver finalement chez mon pourvoyeur de raretés, également fournisseur de souvenirs liés à ses disques puisqu’il vend au compte-goutte sa propre collection dans un magasin de Stockholm tous les samedis.

Bien.

Et ce disque ? Eh bien ce disque est casse-bonbon au possible. Déjà, il a une pochette atroce et, pour une fois, je serais tenté de croire la légende qui veut que Lou Reed, empêtré dans des soucis de contrat, ait produit un disque inécoutable pour faire chier le monde.

Evidemment, nous sommes dans une œuvre artistique indiscutable, une sorte de sculpture sonore, puissante et assez horripilante dans l’ensemble. Lou Reed a certainement voulu créer une œuvre lui permettant de communiquer par le biais de la musique avec son fils autiste. Ah, non, merde, ça c’est l’autre Canadien. Voulu ou pas, l’écoute des quatre plages de « Metal Machine Music » provoque inévitablement des remontées d’amphétamines : le côté crissement de dents, les frissons parcourant le corps, l’agacement qui monte. On prend ça comme on prend le train ou un comprimé. Quelquefois, cela se passe bien, d’autres pas. En ce moment, c’est plutôt pas mais l’expérience est assez intéressante pour vouloir faire le voyage une fois au moins.

L’objet vaut le jus : double disque, quatre faces d’un petit quart d’heure d’un florilège de bruits de guitares passés à différentes vitesses sur un multipiste, les plus aigus, les plus irritants.

Feedbacks, réverb, claviers répétitifs, bandes infernales passées à l’envers (forcément), cris inhumains provoqués par des douleurs dantesques : la matière sonore est tellement triturée qu’une chatte n’y reconnaîtrait pas ses petits torturés par Emile Louis avant d’être noyés.

La descente est rude : chaque piste-titre se termine de manière abrupte mais pour une fois on est bien content de redescendre dans le monde des non-camés.

Je n’ai pas le disque avec moi sous la main, malheureusement, mais je me souviens qu’il y a différentes allusions aux drogues (cf le sous-titre du disque « The Amine ß ring ») et à la musique expérimentale de l’époque (La Monte Young mal orthographié si ma mémoire est bonne) ainsi qu’une note d’intention de notre Hauteur. Dernière facétie en forme de coup de génie, justifiant pleinement l’écoute en format vinyle, la quatrième piste-face est terminée par un lock groove permettant de prolonger le plaisir et de souffrir à l’infini : le temps de la piste indiqué est : « 16’00 or ∞ ».

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