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Disques

Chapelier Fou – Deltas

Chapelier Fou - Deltas

Deux ans se sont écoulés depuis “Invisible”, et ce ne sont finalement que cinq années qui sont passées depuis les tout débuts de Louis Warynski et son alter-ego Chapelier Fou. A force d’EP et d’albums (maintenant le 3ème), une lassitude aurait pu poindre. Les dix titres de « Deltas » balaient ça du revers de la main, avec l’élégance et le talent qui caractérisent Chapelier Fou. “Deltas” est bien nommé, la lettre grecque du même nom symbolisant le changement en mathématique.

Il y a toujours cette richesse technique à laquelle nous a habitué Chapelier Fou, c’est certain. Mais il y a aussi quelque chose qui a changé. C’est peut-être la richesse des ambiances, plus variées qu’auparavant, plus développées aussi. C’est aussi les petits exercices de style auxquels se livre Louis Warynski, ces innombrables tiroirs qui s’ouvrent au fur et à mesure des écoutes. Mais rien d’érudit là-dedans, rien d’intimidant, tant le plaisir du musicien semble manifeste, nettement plus fortement, d’ailleurs, que sur “Invisible”.

On passe aisément de la dream-pop de “Grand Artica” aux rythmes saccadés de “Tea, Tea, Tea”, à la fois single évident par la forme et d’une richesse incroyable dans le fond, qui défile à toute vitesse sous forme de superpositions tant électroniques (ses fameux synthés) qu’organiques (son violon). Le violon, qui fut longtemps l’instrument totem du Messin, se glisse toujours dans les morceaux, même quand ils affichent la forme la plus décomplexée qui soit, comme “Triads for Two”, morceau complètement fou qui passe d’un funk robotique à un moment plus planant, avant de redérailler à nouveau.

Chapelier Fou nous confiait l’année dernière ses envies de toucher à tout au travers de sa musique, et ça se ressent sur ces dix nouveaux titres, qui se montrent d’une égale inspiration. “Deltas” saute d’une atmosphère à une autre : si la première moitié brille par son énergie (“Triads for Two”), comme s’il fallait marquer les esprits, la seconde moitié ne manque pas de moments de bravoure, de la pure pop de “Time Tickling” (où il retrouve son compère Gérald Kurdian – This Is Hello Monster), à la ligne rock qui ouvre “Pentogan 3.14”, ou aux cloches qui marquent le début de “I_O”. On ressort de l’écoute un peu sonné, malgré la douceur et la profondeur de “Carlotta Valdes”, ultime pied de nez de Chapelier Fou, qui renoue avec une forme plus classique, semblant faire écho à “Entendre la forêt qui pousse”, qui clôturait “613”. Mais comme à chaque fois, le Messin nous laisse dans un délicieux doute, et nous pousse une fois de plus à aimer viscéralement ce disque aux changements si multiples, et toujours également captivants.

 

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