Autant l’avouer, avant l’arrivée de ce nouvel album, Surf City n’avait jamais vraiment emporté notre adhésion. Bien calfeutré entre ses influences lo-fi, ses penchants bruitistes et son goût pour la pop psyché des sixties, le groupe inspirait certes de la sympathie. Rien, cependant, ne lui avait permis de se démarquer durablement de l’ordinaire indie-rock. Toujours appuyés par le formidable label Fire Records, les quatre d’Auckland auraient-ils fini par mettre au point leur propre formule magique ? Sur la foi de ce troisième effort, on s’empressera en tout cas de réviser notre jugement.
Si « Jekyll Island » séduit davantage que ses deux prédécesseurs, c’est en premier lieu parce qu’il nous présente Surf City sous un jour nettement plus pop. Premier indice de cette volonté nouvelle de clarifier le propos, le single avant-coureur « Hollow Veins » et sa mélodie ultra adhésive nous avaient déjà mis la puce à l’oreille, ressuscitant en beauté l’âge d’or du label Flying Nun. Deux sortes d’approche se distinguent ensuite assez nettement de ces onze chansons aux accords estivaux. La première, symbolisée par « Beat the Drum Slowly » ou « Indian Summer », voit nos gaillards se frotter à un fuzz-rock langoureux qui colle bien à l’air du temps, l’acuité mélodique typiquement néo-zélandaise en bonus. La seconde, plus convaincante encore, repose sur une série de pop songs aérodynamiques, ces imparables « Spec City », « One Too Many Things » ou « Thumbs Up » qui n’auraient pas dépareillé sur les disques les plus accessibles de Yo La Tengo.
Jamie, David, Mike et Andy réussissent même parfois le croisement de leur différentes orientations au sein d’un seul et même morceau. Témoin « Jekyll Island (and the Psychosphere) », chimère psychgaze ébranlée par un riff punk-rock dissimulé en arrière-plan. Cerise sur le gâteau, « Leave Your Worries » rend le plus bel hommage à Pavement entendu depuis… le dernier opus solo de Stephen Malkmus. Et soudain, nos soucis paraissent en effet très lointains.