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Disques

Orsay – 25’25 »25″ » »

Orsay Orsay - 25'25''25'''Ayant clos le chapître Novo, le toulousain Jean Chabrel active un nouveau projet, Orsay, accompagné d’Eric Sol et d’Emma Klein pour une pop mutante, pointilliste et fortement singulière, un oeil dans l’electro, l’autre dans l’abstraction.

Parfois, la simple lecture des titres suffit à donner le ton, l’ambiance, l’atmosphère qui se dégagera d’écoute en écoute. Un titre, c’est comme autant d’indices, de pistes à suivre le long d’un parcours, sur la courbe continue sans tangente d’un musicien.  « 25’25 »25″ » », le premier disque d’Orsay  joue avec la matière, qu’elle soit obsidienne ou plomb. On ne sait jamais trop où l’on est dans ce dédale, dans ce labyrinthe parfois éclairé, parfois confus.

Jean Chabrel, on l’avait connu dès le début des années 2000 avec son projet Novo alliant une écriture riche à une économie de l’effet pour un groupe à réévaluer au plus vite. Avec Orsay, le toulousain va vers autre chose, une pop froide et exotique, déboussolante. Prenez « Porcelaine » pas si éloigné de ce que Jean-Sébastien Nouveau peut proposer avec Les Marquises. On retrouvera ici quelques influences des Eighties, Coil en tête, parfois même Trisomie 21. Pourtant, ici, l’humeur n’est pas plombée, loin s’en faut, même si comme le disent les membres du groupe, l’ambiance est au gris, on y entend de cette mélancolie narquoise que l’on entendait parfois chez The Beloved ou chez The Notwist.

 

« Myrrhe » évoquera le « Fade To Grey » de Visage pour cette même capacité à laisser un synthé apporter un contrepoint à un dialogue entre deux êtres, ici Emma Klein et Jean Chabrel.

Autant Novo se réclamait d’une école Spoken Word façon Diabologum, autant Orsay serait d’une académie Whispered Word dont « Obsidienne » est sans doute le meilleur exemple avec la voix de Jean Chabrel à peine murmure comme une confidence au creux de l’oreille, un conseil sage au plus profond de l’âme. Une musique sensuelle et parfois déroutante à la manière d’un « Bakélite » à la fois affranchie de tout et datée dans un temps passé.

On ne choisit jamais vraiment entre le spleen et la grâce. Les mots, quant à eux, sont tour à tour blancs, parfois utilisés comme des instruments sonores, là narratifs, là encore abstraits. Que cela soit sur « Marbre » et sa progression toute en beauté tendue, l’interlude « Ether » ou encore le cruel « Acier », on entend ici le dialogue de soi avec soi, le règlement de compte de trop de trahisons, la nécessité de faire taire en soi ce qui ronge l’os. On y joue tous les rôles, juge, inquisiteur, coupable et innocent, novice et expert. Des mots et les points de suspension planqués dans le non-dit, une mélancolie qui aimerait hurler et vivre mais ne sait où palpiter.

Comme quoi le murmure n’est jamais très loin d’un cri…

 

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