Notre motivation pour se rendre dans une salle de concert est parfois mise à mal en plein mois de décembre, au moment où l’hiver se profile à l’horizon. C’est du moins ce que l’on se dit en arrivant vers 19h30 au Petit Bain, où le groupe Destroyer joue ce soir. Le public est encore éparse dans la salle pour accueillir Nicholas Krgovich qui officie en première partie. Venu défendre « In An Open Field », son dernier disque sorti le 1er décembre, que l’on attend avec impatience depuis « The Hills », Nicholas Krgovich attaque sur une note minimaliste en jouant seul avec un orgue visiblement vintage.
La voix de Nicholas Krgovich transporte un petit air légèrement jazzy. Elle se fait l’émissaire de ces courtes histoires, de ces textes qui nous semblent provenir d’un journal intime. Entre deux titres, il s’excuse presque de ne pas plus nous amuser, nous sommes en plein début d’un vendredi soir après tout. Et puis ça repart avec une courte pièce où l’émotion est à fleur de peau, évoquant à la fois John Cunningham et The Blue Nile, qui aura droit à une reprise de « Tinseltown in the Rain ». Le set ce termine avec un titre joué en compagnie du saxophoniste et du batteur de Destroyer. Cette soul prend de l’ampleur et nous laisse à la fois pensif et mélancolique.
En comparaison, le groupe de Dan Bejar ressemble à une sorte de mini-orchestre. Accroupi devant son micro, le frontman de Destroyer est entouré des traditionnels guitaristes, bassiste et batteur, mais aussi d’un trompettiste, d’un claviériste et bien évidemment d’un saxophoniste dont nous attendons avec impatience certains de ces solos que l’on souhaiterait épiques. Ca démarre avec un « Sky’s Grey » tout en progression, un début avec juste un boite à rythme simpliste et un synthétiseur lointain, avant que le groupe démarre sur une note à la fois mélancolique et emphatique, là où le meilleur de l’indie-pop des années 2010 rencontre Leonard Cohen et New Order. Le dernier album de Destroyer, le très recommandable « Ken », est mis à l’honneur avant que quelques vieux titres ne remontent à la surface, comme ce « Kaputt » plutôt efficace. La soirée se termine avec le très beau « Rome », où les dernières notes de saxophone resteront dans notre mémoire au moment où il faudra retourner dans le froid.