Loading...
Divers

13 essentiels : Mark Kozelek, des Red House Painters à aujourd’hui

Cela fait 28 ans que Mark Kozelek compose, interprète, enregistre et joue sur scène des chansons dont le caractère fréquemment crépusculaire nous amène à penser qu’elles lui permettent d’extérioriser un mal-être profondément ancré en lui. Toujours aussi prolifique, il sort ces jours-ci, après une seconde collaboration avec Ben Boye et Jim White un peu plus tôt dans l’année, un album concept bien curieusement intitulé, “All the Best, Isaac Hayes”. Sans vouloir spoiler la suite de cette présentation, il serait compréhensible que vous vous dispensiez d’écouter ces pièces construites autour d’une voix lisant des narrations de la vie réelle de l’auteur (par exemple, ses échanges sur les réseaux sociaux, les maladies qui ont affecté tous les membres de sa famille) sur des musiques ascétiques interprétées au piano et à la guitare.

A l’instar de ses comparses Will Oldham et Bill Callahan, Mark Kozelek a sorti sa musique sous son propre état civil ou sous d’autres noms (Red House Painters et, depuis 2000, Sun Kil Moon), parfois en parallèle. Fort d’une discographie très conséquente, il a alterné albums de compositions personnelles, live, collections de reprises (AC/DC, Modest Mouse, divers standards sur “Mark Kozelek sings Favorites”) [“Rock’n’Roll Singer” et “Exit Does Not Exist”] et collaborations (Jim White, Desertshore, Jimmy LaValle, Jesu, Petra Haden), sans compter de nombreux featurings (Minor Victories, Blue Foundation) [“For You Always”].

Reconnaissable à sa voix traînante et hantée, au-delà de l’impression (superficielle) qu’il joue éternellement la même chanson, Kozelek a lentement fait évoluer son identité musicale. Sa première incarnation se fonde sur un son à mi-chemin entre le slowcore et le folk dans les débuts de Red House Painters [“Down Colorful Hill”, “Uncle Joe”, “Over My Head”, “Between Days”]. Il a su faire évoluer cette personnalité en enrichissant petit à petit l’instrumentation acoustique et folk jusqu’aux sommets des trois premiers albums de Sun Kil Moon [“You Ain’t Got a Hold on Me”, “Carry Me Ohio”, “Unit Hallway”].
En 2010, avec l’album “Admiral Fell Promises” signé Sun Kil Moon, dans ce qui ressemble à une révélation instrumentale, il se dépouille de ses oripeaux pour proposer un disque d’une noirceur lumineuse, seul à la guitare classique [“Half Moon Bay”]. Il semble alors avoir trouvé son medium d’expression, et les amateurs se frottent les mains en imaginant l’incroyable productivité de l’Américain au service de chansons subtiles et empreintes d’une douce mélancolie.
Pourtant, deux ans plus tard, Mark Kozelek initie une nouvelle mue avec l’album “Among My Leaves”. La proposition se base fréquemment sur un accompagnement musical toujours constitué d’arpèges jouées à la guitare classique – mais dont l’inventivité s’avèrera inversement proportionnelle à la quantité phénoménale de ses compositions –, au service d’un spoken word monotone et lancinant. Les textes égrènent les moindres détails de sa vie personnelle (ses chiens, des rencontres fugaces dans des clubs, sa haine pour d’autres musiciens…) [“The Moderately Talented Yet Attractive Young Woman vs. The Exceptionally Talented Yet Not So Attractive Middle Aged Man”]. Le talent de son auteur fait tout de même émerger quelques pépites dans cet océan de nombrilisme [“Carissa”].

L’avis, tout à fait partial, énoncé ici renvoie à cette déclaration de Kozelek en 2015 : « Aujourd’hui, je ne perds plus de temps à angoisser sur le songwriting. Je pense pouvoir écrire sur tous les sujets. Je me souviens qu’Ivo de 4AD me disait qu’il pouvait m’écouter chanter l’alphabet, et c’est à peu près ce que j’ai fait depuis que je l’ai rencontré. » Cette relative et récente déchéance musicale ne peut toutefois faire oublier les chansons intemporelles qu’il a produites sur une trentaine d’années, et qui nous accompagneront encore très longtemps.

#nuage de groupes et artistes : Bonnie “Prince” Billy, Bill Callahan, Low, Idaho, Codeine, Songs:Ohia

1. Down Colourful Hill (Red House Painters, “Down Colourful Hill”, 1992)
2.
Uncle Joe (Red House Painters, “Red House Painters II”, 1993)
3.
Over my Head (Red House Painters, “Ocean Beach”, 1995)
4.
Rock’n’Roll Singer (Mark Kozelek, “Rock’n’Roll Singer” EP, 2000)
5.
Between Days (Red House Painters, “Old Ramon”, 2001)
6.
You Ain’t Got a Hold on Me (Mark Kozelek, “What’s Next to the Moon”, 2001)
7.
Carry me Ohio (Sun Kil Moon, “Ghosts of the Great Highway”, 2003)
8.
Exit Does Not Exist (Sun Kil Moon, “Tiny Cities”, 2005)
9.
Unit Hallway (Sun Kil Moon, “April”, 2008)
10.
Half Moon Bay (Sun Kil Moon, “Admiral Fell Promises”, 2010)
11.
The Moderately Talented Yet Attractive Young Woman vs. The Exceptionally Talented Yet Not So Attractive Middle Aged Man (Sun Kil Moon, “Among the Leaves”, 2012)
12.
Carissa (Sun Kil Moon, “Benji”, 2014)
13.
For You Always (collaboration avec le supergroupe Minor Victories, “Minor Victories”, 2016)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *