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Track by track – “Excuse My French” de Julien Bouchard

Après “Songs from la Chambre” en 2017 qui, comme le suggère son titre, mêlait morceaux en français et en anglais, Julien Bouchard a choisi de chanter uniquement dans sa langue maternelle sur son nouvel album malicieusement intitulé “Excuse My French” (Hot Puma Records). La musique, elle, est toujours d’obédience anglo-saxonne, rappelant les grandes heures de l’indie rock à guitares (plus un peu de synthé) et du folk mélancolique des années 90. L’enregistrement dans son home studio vosgien, en autarcie, a apporté une légère patte lo-fi qui colle parfaitement à la musique. Une jolie réussite que son auteur nous raconte morceau par morceau, à cœur entrouvert et en assumant totalement ses influences – qu’il a heureusement su transcender.


Le Sens de la fête 

Je voulais commencer le disque par le riff de guitare que je trouve le plus cool de l’album.
Que dire d’autre ? Pour moi tout commence toujours par un riff de guitare. 
Je suis obsessionnel et nostalgique. Manifestement, inconsciemment, je voulais un album bien tourné vers les 90’s. Pour moi c’est le titre qui représente le mieux l’album et tout ce que l’on peut y trouver.
Le côté décalé du texte et le sujet dont il traite sont aussi deux choses que j’ affectionne et que je voulais servir comme entrée aux auditeurs.
Personne ne me parle jamais de Kurt Vile à propos de cette chanson, et pourtant j’ai tout fait pour que l’on y entende l’influence du chevelu de Philadelphie.

Je veux voir le ciel qui s’embrase 

Avant je n’aimais pas les chansons frontales, qui parlent des choses de façon évidente et pourtant c’est ce que j’ai fait …
J’ai laissé mes appréhensions et mes aprioris complètement de côté et j’ai dit ce que j’avais à dire, à savoir : “Je suis amoureux”. C’est plutôt une bonne raison de faire une chanson !

Comme des animaux 

J’ai écrit le texte avec mon copain Jean Elliot Senior [ex-membre de Crëvecœur]. Je voulais quelque chose qui sonne un peu comme du Neil Young (électrisé) en français , des images, des guitares, un rapport à la nature, à notre nature.
C’est une chanson que je traîne depuis longtemps, je voulais qu’elle soit à son avantage sur le disque.

Château de sable 

Comme un lendemain de beuverie où l’on ne sait plus où l’on habite. 
Des flashs, des sensations mélangées à des souvenirs où rien n’est très clair, sauf que quelqu’un nous manque et c’est plié…
Le mot d’ordre sur le disque était de faire simple dans les textes, assez évasif pour pouvoir trouver un lien avec ses propres expériences, tout en empruntant un chemin balisé.
Un (beau) château de sable, c’est dur à construire et ça peut s’effondrer en un coup de vent. 

En nous

En nous, tout vient de nous, tout est en nous, il va vraiment falloir faire quelque chose…
Évidemment comme plein de gens, je suis absolument révolté par ce monde qui marche sur la tête. C’est tellement absurde, ridicule et dénué de bon sens.
Il faudra bien se rendre à l’ évidence, malgré tout le sérieux dont on fait preuve pour détruire tout ce qui nous entoure. Tout est à repenser. Arrêtons tout !
Recommençons. 
Faut-il garder espoir ? Le texte est redondant, comme un écho à cette sensation de tourner en rond dans cette folie. 
Évidemment, je fais référence à tous les dégâts causés par l’ homme sur notre planète mais aussi ce qu’ils peuvent engendrer sur les individus.
La chanson est plutôt rock mais j’aurais tout aussi bien pu aborder ce thème sur une musique infiniment triste…

Ton ombre est ma lumière 

C’est un texte que j’ai coécrit avec mon ami Jérôme Duvigneau. Je cherchais à faire une chanson avec un refrain catchy mais pas trop mélodique, je ne sais pas si j’ai réussi…
Elle traite du sentiment de perdre quelqu’un, pas forcément au sens propre ou d’une façon violente. Perdre quelqu’un dont on sait que cela aurait pu donner quelque chose de bien, pas forcément d’une façon amoureuse non plus. L’idée c’est que les gens que l’on ne voit plus, que l’on ne connaît plus, nous influencent toujours et encore de façon inconsciente.
Ce sont ces moments où l’on pense à une personne dont la dernière intervention dans notre vie remonte à une plombe, en se disant : Lui arrive-t-il (elle) de penser à moi ?

Même pas là

J’ai écrit le texte avec mon pote Eddy la Gooyatsh, avec qui je passe beaucoup de temps à faire de la musique pour nos projets.
Ce qui nous rapproche c’est aussi que l’on se sent un peu en décalage avec le monde (comme plein de gens). Et je ne dis pas ça pour faire mon intéressant.
C’est ce que l’on peut ressentir certaines fois, et cette chanson traduit ce sentiment. Le solo de guitare un peu hors contexte et bruyant pourrait mettre le doigt sur la violence que peut provoquer ce sentiment chez celui qui subit ce décalage.

Tu m’entraînes 

C’est un hommage au grunge, une musique qui a énormément compté pour moi.
C’est même un hommage à Nirvana en fait. C’est un des groupes qui m’a le plus marqué, j’aimerais être dans le multivers où Kurt Cobain est toujours vivant …
Je n’ai pas entendu beaucoup de groupes essayer de faire ça en français, alors je me suis dit que j’allais essayer sur un titre…
Une relation amoureuse toxique mais voulue, l’amour comme un bras de fer perdu d’avance, un dominant et un dominé. C’est assez récurrent malheureusement…

Cœur serré 

Cette chanson parle d’une relation qui se termine mal, sur un riff de guitare que j’avais en tête depuis longtemps.
J’ai voulu contrebalancer le côté fataliste des couplets par un refrain aux allures un peu reggae et une mélodie bubblegum. Quand j’ai prémixé cette chanson, je pensais à Santigold et à Étienne Daho. 
Mais ça, c’est dans ma tête…

Comète 

Comme un amour qui électrise, qui te bouscule, qui te paraît limpide et évident, qui déchire le ciel. C’est d’ailleurs une chanson coécrite avec ma femme.
Je suis arrivé à la conclusion que j’avais besoin de terminer le disque avec cette chanson, aussi frontale que “Je veux voir le ciel qui s’embrase”. Ça ne sera pas le premier album au monde qui parle deux fois du même sujet dans sa tracklist…
Je m’y serais complètement refusé il y a quelque temps, puis j’ai découvert tout un tas de chanteurs canadiens… Ce qui est plutôt cool avec eux, c’est que j’ai l’impression qu’il n’y a pas de complexe dans la narration au premier degré. Certains m’ont décomplexé, avec le côté brut de leurs textes. C’est ce que je voulais faire ici.
Et je voulais ne jamais forcer la voix et l’intention qui accompagne les chansons de ce disque. La laisser aller où elle doit aller, ne jamais chercher à trop contourner les choses.
Je me retrouve plus volontiers dans cette manière d’écrire, qui se voudrait plus à l’anglo-saxonne finalement. 

Photo par Jean Elliot Senior.


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