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13 essentiels : Farewell, Mimi Parker…

Debout derrière ses fûts et cymbales, mailloches ou balais à la main, Mimi Parker offrait aux morceaux de Low une assise minimale, propice aux envolées lentes et lyriques du groupe. Héritière de Moe Tucker, la batteuse du groupe qui s’est tragiquement éteinte cet automne aura largement contribué, avec son mari Alan Sparhawk, à façonner l’identité musicale du groupe depuis 1994. Ses contributions vocales constituent surtout un marqueur indépassable du spleen et de la beauté des œuvres de Low dont on peut mesurer l’influence à l’aune de la pluie d’hommages émus de fans et de musicien.ne.s partout dans le monde.

Sa voix de soprano d’une pureté sans égale a su, au fil des années, se mêler à celle d’Alan pour s’élever vers une musicalité incroyablement émouvante. Au-delà, comme permet de le découvrir la playlist ci-dessous, Mimi n’a pas seulement harmonisé et permis l’apesanteur des chansons du groupe, elle a aussi, au fil des albums, assuré de nombreux leads vocaux. Ce qui caractérise alors son chant, c’est son absence d’artifice : ici très peu de vibrato superflu, mais de simples notes tenues et quelques glissandi pour lier les arpèges de guitare entre eux. Lors des sessions, on la voit fréquemment en retrait d’Alan, battre la mesure.
Alors que son compagnon semble happé par ses propres morceaux, Mimi regarde l’horizon. Elle ancre à la fois les chansons au sol, autant qu’elle leur confère de la légèreté pour une mise en apesanteur, jouant le rôle de Thémis dans l’équilibre du groupe. Au fil des albums, Low est resté fidèle à une pratique musicale de lenteur suspendue. Mais, le groupe a su explorer différents territoires au sein de ce continent musical réduit.
Tout débute avec le spleen infini du séminal premier album “I Could Live in Hope”, produit par Kramer (qui avait notamment façonné le son de Galaxie 500 quelques années plus tôt). Quelques notes de basse jouées du bout des doigts soutenues par une cymbales et une caisse claire autour desquelles s’entrelacent de lents arpèges d’une guitare réverbérées ; puis des chants viennent se glisser délicatement au creux de nos oreilles. Le groupe conserve la même formule en explorant d’avantage une atmosphère ambient à travers “Long Division” et “The Curtain Hits the Cast”. La température, déjà glaciale, se refroidit encore sur le cristallin “Songs for a Dead Pilot”.
Puis l’atmosphère se réchauffe sensiblement autour de l’ambiance feutrée des arpèges qui habitent “Secret Name” et encore plus sur l’EP – chéri des amateur.rice.s du groupe – “Christmas”, lorsque le tempo dépasse pour la première fois les 100 bpm et que les flammes d’un feu de cheminée réchauffent le cœur de l’auditeur.rice.
Souvent considérés comme leurs albums les plus accessibles jusqu’ici, “Things We Lost in the Fire” puis “Trust” sont certes parsemés de tubes (à l’échelle de Low…), mais ils amorcent aussi une ère d’expérimentations sonores dans différentes directions. En témoigne le dépouillement acoustique de “Kind of Girl” et “Point of Disgust”, inéqpuisable source de frissons lorsque la voix de Mimi nous parvient depuis le studio boisé où ces chansons ont été enregistrées.
Changement de pied avec le sonique “The Great Destroyer” puis le métallique et intense “Drums and Guns” où seuls quelques instants précieux comme “Belarus” nous permettent de reprendre notre souffle. “Especially Me” sur le magnifique album “C’mon” confirme la nouvelle mue du groupe ; sur la pochette du disque, Mimi est assise à sa batterie, en contrejour devant une installation lumineuse, et débute la chanson par ces mots – issus d’un long héritage musical – d’une beauté qui nous laisse sans voix «:  Cry me a river, So I can float over to you ».
Le sautillement presque pop de “Just Make It Stop” sur “The Invisible Way” (produit par Jeff Tweedy de Wilco) le confirme, le groupe est à son apogée en termes d’harmonie de vie et nous sourions franchement pour la première fois à l’écoute d’une chanson de Low ! Le brouillard s’élève progressivement sur “Ones and Sixes” et sa boîte à rythmes ascétique contrebalancée par une belle richesse harmonique. L’orage sonore éclate sur les deux derniers albums du groupe, “Double Negative” et “HEY WHAT”, également réalisés avec le très coté B.J. Burton. Ici, la musique est systématiquement tordue, distordue, surcompressée comme pour explorer les confins de cette île musicale où le groupe avait élu domicile depuis 25 ans. Avec, au-delà du déluge sonore, le même recherche de la beauté, la quête incessante d’Alan et Mimi.

  • Slide (“I Could Live in Hope”, 1994)
  • Shame (“Long Division”, 1995)
  • The Plan (“The Curtain Hits the Cast”, 1996)
  • Condescend (“Songs for a Dead Pilot”, 1997)
  • Just Like Christmas (“Christmas”, 1999)
  • Weight of Water (“Secret Name”, 1999)
  • Kind of Girl (“Things We Lost in the Fire”, 2001)
  • Point of Disgust (“Trust”, 2002)
  • Belarus (“Drums and Guns”, 2007)
  • Especially Me (“C’mon”, 2011)
  • Just Make It Stop (“The Invisible Way”, 2013)
  • Congregation (“Ones and Sixes”, 2015)
  • Disarray (“Double Negative”, 2018)

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