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Track by track – “Mémoires parallèles” de Tillous

Les Bordelais ont déjà pu croiser la route de Tillous (Sébastien de son prénom) qui officie dans le duo L’Envoûtante, et passe avec “Mémoires parallèles” au long format pour la première fois, sur le label Petrol Chips. Envoûtante : voilà un adjectif qui irait bien à la musique de Tillous, qui en sept titres et quarante minutes offre un dépaysement doux, qui reste toujours coincé entre l’état contemplatif et une forme d’agitation sereine. Si elle est synthétique et faite de sons électroniques, la musique de Tillous n’en garde pas moins de riches textures, des interstices aussi, et la part de mystère qui finit de la rendre passionnante, qu’elle s’étende sur un format court (“Derrière le chaos”, “Lueur du renouveau”) ou nettement plus long (“Evidence”, presque 10 minutes au compteur).

Mais sans doute est-ce son auteur qui parle le mieux de ces “Mémoires parallèles” :


Retrouvailles

« Un morceau basé sur une découpe complexe d’un sample, ce qui m’arrive rarement. Certainement des restes de ma culture hip-hop. Il aurait été si simple d’y rentrer un drumbeat à la DJ Premier, mais j’ai préféré créer cette absence qui plane comme un fantôme au-dessus d’un nid d’amour. »


Derrière le chaos

« Un “micro-beat” comme je ne peux m’empêcher d’en faire avec mon vieux synthé Korg et un looper. Puis les éléments plus aériens rentrent petit à petit, avant que la basse emporte tout vers les étoiles. Ce morceau fut la base de “Dans un seul texte” de L’Envoûtante, que l’on peut retrouver sur le premier album éponyme. »


Structure

« Un morceau construit comme un balancier, en deux mouvements. Ça démarre par une montée doucement inquiétante, puis on bascule vers une deuxième partie plus apaisée où une exploration s’opère. “Structure” dans le sens d’édifice, du « faut que ça tienne », une éternelle recherche d’équilibre. »


Évidence

« Ce morceau dans lequel vous retrouverez des petits bouts qui ont servi à la composition de “Pas un homme” du premier album de L’Envoûtante, est également construit en deux parties. Une première, puissante et fataliste, où des essences de vies profondes s’expriment, suivie d’une bascule vers une seconde, dans laquelle on plonge complètement dans les abîmes. S’en suit une exploration des profondeurs. La vue s’acclimate peu à peu au noir. On y découvre des formes, des objets… Toutes sortes de vies enfouies parmi lesquelles on accepte doucement de se sentir un peu chez soi. »


Lumière éteinte

« Ben les abîmes, on y est toujours dedans. Tout un monde. Une infra-nature. Avec ses reliefs, ses vents tièdes et légers. On avance davantage comme des « Inplorateurs » dans un mood pas si hostile en fait. Musicalement, ce morceau est une piste mono réalisée avec mon vieux synthétiseur et un looper sur laquelle je jamme une pseudo mélodie trouvée sur le champ. J’adore exploiter un minimum de matériel pour créer un morceau. Là on est dans l’extrême de cette démarche. »


Lueur du renouveau

« Comme si l’on s’était endormi en paix dans le chaos, en y ayant trouvé ses propres marques sensibles et ses parts d’acceptation. On se réveille avec, à l’horizon, une sorte de lueur qui nous ferait presque nous souvenir de ce qu’un doux lever de soleil dans l’onde matinale peut créer comme joie intime et profonde. Puis doucement, le souvenir s’efface devant cette réalité retrouvée. Le soleil monte et le Matin Eternel s’exprime pleinement. Enfin, pris par une compassion qui nous dépasse presque, on se retourne pour contempler, non sans une évidente nostalgie, les landes de désenchantement et de peurs traversées. »


Considération

« La piste qui clôt l’album. Ce morceau est une sorte de méditation sonore sur les infinies manières dont on perçoit le réel et les non moins nombreuses façons dont on le traduit. Une belle boucle de synthétiseur polyphonique qui, à l’aide d’une petite mélodie presque insignifiante, nous invite à nous prélasser dans une sorte de “coussin sonore” pour méditer sur soi, sur la fatalité de la Nature, sur l’évidence de l’ignorance, sur ce point d’interrogation éternel que l’on pourrait brandir plus souvent à la place des croix ou des drapeaux que l’on connaît bien. »


“Mémoires parallèles” sort le 10 mars sur le label Petrol Chips.

Merci à Adrien Durand et Sébastien Tillous – Photo : Emma Barthere

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