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Festivals

Revenants et découvertes à la Route du rock été 2025

La 33e édition estivale de la Route du rock estivale aura lieu du 13 au 16 août à Saint-Malo et dans ses environs. La programmation, dont nous avons égrené ici les noms au fur et à mesure des annonces des organisateurs, est désormais complète. En gros bien sûr, deux têtes d’affiche événementielles et rassembleuses : Pulp pour sa seule date de l’été en France et Kraftwerk qui aurait dû jouer en 2020, l’année du Covid. Au-delà de leurs musiques assez dissemblables, les deux groupes sont dans des situations opposées : le premier (déjà présent à Saint-Malo en 2001) revient avec un nouvel album franchement réussi et n’a pas joué en France depuis une douzaine d’années, tandis que le second se produit chez nous à intervalles réguliers quoique espacés et joue, toujours de la même façon, un répertoire immuable – pour un résultat qui reste absolument fascinant, reconnaissons-le.

Le festival fait le grand écart entre, d’un côté, ces deux mythes vivants et, de l’autre, des découvertes (c’est-à-dire des noms qui ne nous disaient jusqu’ici absolument rien) avec, au milieu, pas mal d’artistes et groupes assez voire bien connus, dont beaucoup sont déjà venus au Fort de Saint-Père – chose inévitable pour un festival d’une telle longévité.
La principale nouveauté cette année, qui a priori ne se verra pas trop, est le partenariat avec l’entité Combat Rock de Matthieu Pigasse (déjà derrière Rock en Seine et le festival des Inrocks), « dont la vocation est de soutenir les festivals indépendants, en leur apportant une pérennité, des perspectives de développement et des économies à travers la mutualisation de moyens ». Un rapprochement sans doute nécessaire à l’heure où tant de rassemblements musicaux sont confrontés à des difficultés financières. On espère bien sûr que la Route du rock conservera sa spécificité : une programmation qui a su garder un esprit “indie” tout en s’aventurant dans d’autres genres (l’electro, notamment), et qui n’a jamais abandonné une certaine exigence.
Comme chaque année, nous donnons un coup de projecteur sur une partie de la programmation, en plongeant parfois, au passage, dans la riche histoire du festival. Avec des vidéos live récentes ainsi qu’une playlist en fin d’article. Bonne lecture, bonne écoute et bon festival !


Dominique A

On voit assez rarement Dominique A dans les festivals d’été. A une époque, le chanteur regrettait de ne pas y être davantage programmé, mais il a dû se faire une raison. Il est vrai que sa musique ne s’y prête pas forcément. La Route du rock fait exception, puisque ce sera cette année sa sixième venue – si on a bien compté –, éditions été et hiver confondues. En 2012, Il avait même donné deux concerts, dont un où il reprenait “La Fossette”, son premier album.
Une belle complicité entre l’auteur du “Courage des oiseaux” et le rassemblement malouin, qui a trouvé l’espace adéquat pour sa formule trio (avec les impeccables Julien Noël aux claviers et Sébastien Boisseau à la contrebasse), pas vraiment taillée pour les décibels et les grandes scènes extérieures. Dominique A se produira donc à la Nouvelle Vague, salle moderne de Saint-Malo à l’excellente acoustique. Bonus : on le retrouvera le lendemain, jeudi 14 août, à l’heure du café (13h30) sur la plage de Bon-Secours, où il officiera aux platines avant la jeune folkeuse irlandaise Ellie O’Neill (dont les rares morceaux disponibles, magnifiques, laissent augurer le meilleur).
Une activité de DJ nouvelle (ou du moins peu habituelle) pour lui, même s’il a toujours aimé partager, à l’oral et à l’écrit, ses coups de cœur musicaux. On est impatient de découvrir son mix !

Et aussi : Astrid Sonne.


Memorials

Ceux qui étaient présents à la Route du rock en 2011 n’ont pu oublier le fabuleux concert qu’avait donné Electrelane. Un moment d’autant plus fort qu’on savait qu’il n’aurait pas de suite : après sa séparation en 2007 (les quatre filles avaient aussi joué au festival cette année-là, d’ailleurs), le groupe ne s’était alors reformé que pour quelques dates avant arrêt définitif de ses activités. Quatorze ans plus tard, c’est Verity Susman, chanteuse et organiste échevelée, qui revient avec son nouveau projet, MEMORIALS (généralement écrit en capitales), un duo formé avec Matthew Simms, multi-instrumentiste qui a fait partie des dernières incarnations de Wire. Constamment surprenant, leur récent concert au Point Ephémère, organisé par Les Femmes s’en mêlent, trouvait le bon équilibre entre efficacité (indie) pop et échappées nettement plus expérimentales, souvent tirées de leurs musiques de films. On suppose que ces dernières seront moins nombreuses au Fort de Saint-Père, car le set sera certainement un peu plus court (devant un public plus nombreux, en revanche !), mais on peut compter sur ces deux musiciens imaginatifs et intrépides pour nous emmener très loin.

Bolis Pupul

Avec sa complice, la très charismatique Charlotte Adigéry, au micro, Boris Kor Tom Zeebroek alias Bolis Pupul nous avait fait intelligemment danser au Fort de Saint-Père il y a trois ans. Cette année, il revient seul, et si le son devrait être encore très électronique, l’ambiance sera sans doute un peu plus contemplative et réfléchie, et les rythmes moins effrénés. Son album sorti l’an dernier, “Letter to Yu”, est né d’un séjour à Hong Kong où le musicien né en Belgique d’une mère chinoise et d’un père belge a cherché à renouer avec ses racines qu’il avait longtemps mises à distance. Aux sonorités synthétiques se mêlent des influences asiatiques et des field recordings, pour un résultat à la fois ludique, nostalgique et délicat, très personnel mais susceptible de séduire un large public.

Black Country, New Road

Etonnant parcours que celui de ce groupe, représentant avec Squid, Black Midi et quelques autres d’une nouvelle scène britannique à la musique volontiers complexe, déconstruite et aventureuse. Après deux albums au succès assez inattendu, Isaac Wood, chanteur, guitariste et cheville ouvrière de la large formation, partait pour des raisons de santé mentale. Les autres prirent alors la courageuse décision de renouveler totalement leur répertoire et de se partager le chant. Leur concert de 2022 à la Route du rock – composé donc uniquement de nouveaux morceaux en rodage, n’étant pas destinés à être enregistrés en studio – ne nous avait pas totalement convaincus, mais l’album “Forever Howlong” sorti il y a quelques mois vient préciser les intentions de ces musiciens très doués. Plus lumineuses qu’autrefois (notamment grâce à l’apport de voix féminines et à une grande variété de timbres), les compositions de Black Country, New Road mêlent désormais clavecin baroque, guitares folk, influences prog, ambiances cabaret… On est impatient d’en découvrir la déclinaison scénique. Et on notera au passage que si les Français de La Femme sont la tête d’affiche de la soirée, celle-ci nous offrira un beau panorama de la création musicale d’outre-Manche, entre les déjà cités Memorials, le petite génie King Krule et le retour pour le moins inattendu de WU LYF (avec au moins un nouveau titre…).

Et aussi : La Femme, King Krule, WU LYF, Overmono, Curses, LustSickPuppy, et Ellie O’Neill sur le plage de Bon-Secours, précédée par Dominique A en DJ set.


Frankie and the Witch Fingers

La scène garage-punk-psyché américaine, localisée en grande partie en Californie (et au festival Levitation d’Austin), a fourni ces dernières années un important contingent à la Route du rock : Osees, Meat Bodies, Ty Segall, The Brian Jonestown Massacre, Tess Parks dans un genre plus planant… Il était donc logique que Frankie and the Witch Fingers, en activité depuis une douzaine d’années et pas les moins intéressants du lot, viennent eux aussi en terres bretonnes. Attendez-vous, comme toujours avec eux, à une performance explosive, d’autant que le nouvel album explicitement titré “Trash Classic”, dont les riffs anguleux et les synthés en surchauffe rappellent la new wave de Devo corrigée par le punk début 80’s de la Bay Area, ne fait pas de quartier.

Porridge Radio

« La voix de Dana Margolin, souvent à la limite de la cassure, vous agrippe pour ne plus vous lâcher. Si les trois musiciennes et musicien qui l’accompagnent ne sont pas là pour faire de la figuration, c’est bien elle qui attire tous les regards. Une chanteuse habitée, dont les compositions sans doute cathartiques n’oublient heureusement jamais la mélodie. Grand concert », écrivions-nous il y a trois ans après le set de Porridge Radio au Fort. Depuis, Dana a changé de coupe de cheveux, il y a eu d’autres concerts, ailleurs, tout aussi magnétiques, et, malheureusement, l’annonce en janvier dernier de la séparation du groupe anglais. C’est donc l’une des dernières occasions de le voir sur scène, ce qui devrait rendre la performance d’autant plus émouvante.

Et aussi : Pulp, GANS, David Shaw and the Beat, Nino Gigsta (également en DJ set à 13h30 sur la plage de Bon-Secours), et Radio Hito sur la plage.


M(h)aol

Décidément, l’Irlande débarque en force cette année. Et à l’évidence, les filles de M(h)aol ont des choses à dire (il y a aussi un garçon dans le groupe, mais la prise de parole est clairement féministe). L’effectif scénique reste un mystère : selon les articles, photos et vidéos, on dénombre trois, quatre ou cinq membres dans cette formation résolument DIY, qui a sorti pour l’instant deux albums. Ce dont on est à peu près sûr en revanche, c’est que même si son dernier disque s’intitule “Something Soft”, M(h)aol va nous envoyer en pleine gueule des morceaux brefs, éruptifs, aux rythmes heurtés et aux sons saturés. Bruts, minimalistes, pas du genre à reprendre en chœur, mais certainement cathartiques.

Trentemøller

Généralement vêtu de noir, avec parfois un T-shirt de Bauhaus ou d’un groupe du même genre (il vient de remixer avec enthousiasme un titre du dernier Cure), le quinquagénaire danois Anders Trentemøller a commencé à faire danser les foules avec des titres techno et house. Puis il a fait évoluer son style à partir de la fin des années 2000, vers une musique jouée en groupe et souvent chantée, plus sombre et atmosphérique. Adepte des voix féminines vaporeuses (comme celle de Rachel Goswell de Slowdive sur le morceau “Cold Confort” en 2019), ce maître des textures sonores occupe une position particulière, jouant dans les plus grands festivals rock tout en restant l’une des figures les plus respectées de la musique électronique et en collaborant avec la crème des artistes indie. Une évolution et une ouverture d’esprit remarquables, qui font écho à celles du festival.

Et aussi : Kraftwerk, Suuns, Sega Bodega, Fine, Camille Sparkass, Pauline Gompertz (également en DJ set à 13h30 sur la plage de Bon-Secours), et Milan W. sur la plage.



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