Loading...
FestivalsFilms

“Pavements”, un film d’Alex Ross Perry

Diffusé depuis cet été sur la plateforme Mubi, “Pavements” a ouvert la 11e édition de Musical Ecran, le festival bordelais de documentaires musicaux. Nous y étions. L’occasion de voir sur grand écran ce film qui est tout sauf un documentaire musical, mais bien un hommage au génial groupe indé américain.

Il est souvent intéressant de lire les critiques d’un film après son visionnage. Et c’est en parcourant certains avis et commentaires, parfois dans des médias très sérieux, que nous avons décidé d’ajouter notre pierre à l’édifice. « I was dressed for success / But success it never comes ». Tous les fans de Pavement connaissent ces paroles qui introduisent le titre “Here” sur le premier vrai album du groupe, “Slanted & Enchanted”, tant elles résument (un peu) l’histoire de la bande de Stockton. Car, si Pavement devient un « groupe MTV » dès “Crooked Rain, Crooked Rain” grâce à son petit tube “Cut your Hair”, jamais il ne deviendra le « nouveau Nirvana », destin que lui prédisaient certains. Allergique à la réussite, trop foutraque, trop libre.

La suite du titre “Here”, c’est : « And I’m the only one who laughs / At your jokes when they are so bad». Voilà, ce qu’est “Pavements”, une blague ! Lors de la re-reformation du groupe en 2022, le réalisateur Alex Ross Perry, dans une sorte de multiverse, imagine un monde où Pavement serait devenu le plus grand groupe du monde, en tout cas le groupe le plus influent du monde. Dans ce monde, et dans ce film donc, il existe ainsi une comédie musicale type dédiée à Pavement, un musée consacré au groupe et même un biopic type “Bohemian Rhapsody” en préparation de tournage, avec stars à l’appui. À noter que seule la comédie musicale n’est pas bidon et a été véritablement créée pour le documentaire.

“Pavements” s’adresse, vous l’aurez compris, plutôt aux fans du groupe, qui vont comprendre le délire du réalisateur. À l’image des pochettes et des livrets de certains disques de Pavement, le film est un collage un peu foutraque d’archives, d’extraits du casting et des répétitions de cette improbable comédie musicale “Slanted ! Enchanted !”, et d’images de la préparation de l’expo et du film. Une blague donc, mais aussi un portrait de Pavement qui moque autant le snobisme de ses membres, des branleurs qui se méfient du succès, que de ses fans, qui veulent rester des happy few. Une blague drôle aussi, comme lorsque l’acteur Joe Kerry (“Stranger Things”) demande à Stephen Malkmus une photo de sa gorge pour imiter son timbre de voix. Le musée rassemble, lui, d’authentiques souvenirs du groupe mais aussi une pièce honteuse où « le groupe le plus important du monde » a vendu son âme au diable avec son lot de fausses pubs.

Fausses pubs Pavement
Fausses pubs pour Absolut et Apple extraites du musée Pavements 33-22.

Le spectateur averti saura finalement où il met les yeux devant ce “Pavements” : une performance plutôt réussie en forme de mise en abyme et un portrait assez juste d’un groupe génial qui n’aura connu qu’une petite gloire et une grande renommée. On se demande juste quelle a été l’implication de la bande à Malkmus dans cette affaire. Mais rien que de voir la jeunesse s’emparer de leurs tubes fait chaud au cœur.

Pavements”, un film d’Alex Ross Perry (2h08). Visible sur la plateforme Mubi.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *