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Institut – Ils étaient tombés amoureux instantanément

 Institut - Ils étaient tombés amoureux instantanément

Entre la froideur et l’empathie, entre le fiel et le miel, l’intime et le public, la réalité et l’ailleurs, l’alchimie peut être compliquée. C’est pourtant en traçant sa voie dans ces entre-deux qu’Institut donne sa force à cet album, sans doute un des plus intéressants que nous ait livrés la chanson française ces derniers mois.  
Pour le côté sombre,  on pense rapidement à Diabologum (en moins rugueux tout de même), en particulier lorsque Arnaud Dumatin recourt au texte « parlé ». Mais sur les mêmes morceaux, Institut parvient aussi à se démarquer de cette parenté. Par exemple, en jouant avec bonheur sur le décalage de paroles aussi ultra-réalistes que barrées (« Ils étaient tombés amoureux… », mémorable « Les Pensions de retraite », où une ancienne garde des Sceaux finit par subir les derniers outrages dans les toilettes). Egalement, en laissant de la place à la compassion même sur un fond de récit clinique, par la grâce d’une prenante ascension acoustique (excellent « Gardien de la paix ») ou d’une ambiance musicale qui se fait plus planante dès lors que les mots peuvent plomber (« Gelé », « Ils étaient tombés amoureux… »). Le récit glaçant et abrasif de « Je ne peux pas rester » se trouve quant à lui nimbé d’une electro-pop doucereuse, et quelques éclats de mandoline viennent percuter la belle tension aérienne des « Méduses ». Symptomatique également d’une autre dualité, « Au beau fixe », diptyque démarrant sur un premier volet intimiste et sensible, et un second qui enchaîne sur une litanie nous replongeant dans la désespérance de l’horreur économique.
C’est seulement tout à la fin que toutes ces turpitudes se trouvent enfin joliment sublimées sur « Les Falaises », en forme de conclusion plus apaisée.
Pour faire la fine bouche, tout juste pourrais-je trouver plus ordinaires les quelques brefs passages qui se jouent plus exclusivement dans le registre de la pure sécheresse (« Installation imprimante », « Erreur d’intitulé »). Quelques bémols tout personnels qui ne suffiront pas à entacher l’affection pour un disque qui allie avec classe une puissance des textes jamais pesante et une qualité musicale de haute tenue.

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