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Disques

Lee Ranaldo – Between the Times and the Tides

Lee Ranaldo - Between The Times And The Tides

Retour aux sources pour le troisième Sonic Youth. Laissant (pour un temps ?) ses deux compères de toujours se remettre de leur (désormais officielle) séparation, Lee Ranaldo produit un album solo pop et rock épuré d’une spontanéité et d’une fraicheur incontestables. En rendant « Between the Times and the Tides » hyper accessible, mais sans jamais tomber dans la facilité, il prouve s’il en était besoin qu’il a toujours été beaucoup plus que le « troisième Sonic Youth » pour lequel on aurait pu le prendre. Son attitude légèrement en retrait de Turston Moore et Kim Gordon n’a d’ailleurs jamais vraiment trompé grand monde. Car même si certaines de ses incartades expérimentales (frisant le free-jazz) ont pu s’avérer (très) crispantes, l’importance artistique et mélodique de son travail n’est pas une nouveauté. Que ce soit au sein de Sonic Youth ou lors de ses quelques essais transformés en solo, il est impossible d’oublier, par exemple, les fabuleux « Eric’s Trip », « Mote » sur Goo, ou « Wish Fulfillment », trois titres parmi les plus importants et touchants du trio new-yorkais, trois titres écrits et chantés par Lee Ranaldo.

On retrouve ce talent d’artiste oscillant intelligemment entre musiques populaires et expérimentales sur « Between the Times and the Tides ». Certains titres comme les inauguraux « Waiting on a Dream » et ses guitares répétitives nerveuses ou « Off the Wall » et sa mélodie entêtante séduisent immédiatement. Sur d’autres comme « Xtina As I Knew Her » ou « Lost (Plane T Nice) », une voix sombre et presque monotone, et une mélodie portée par des guitares envoutées nous rappellent, s’il en était besoin, que Lee Ranaldo a lors de ces quinze dernières années, influencé de nombreux groupes de la scène underground anglophone (de Silver Jews à The National en passant par Pavement).

Sur « Hammer Blows » et « Stranded », deux chansons pour lesquelles Lee Ranaldo débranche sa guitare tout en lui laissant jouer le premier rôle, sa voix s’envole vers de nouveaux cieux, presque nue, prenant toute son ampleur. Aucun artifice sur ces deux titres, et le résultat est d’une beauté rarement atteinte, même par les meilleurs artistes de la catégorie. Aux croisements de ces styles, « Angles » (sur laquelle la voix de Morrissey semble parfois hanter celle de Lee Ranaldo !!!), « Fire Island (Phases) » (qui démarre par 1’20 d’un instrumental post-rock progressif), ou encore la plus sombre « Shouts » forment un ensemble de titres un peu moins accessibles qui se révèlent être de véritables boîtes à trésors.

Accompagné par Nels Cline (de Wilco) à la guitare, Steve Shelley (de Sonic Youth) à la batterie, Jim O’Rourke ou Irwin Menken à la basse, et John Medeski aux claviers, c’est un Lee Ranaldo en grande forme qui a enregistré cet album. Dix titres magnifiques et variés, deux ballades folk surprenantes (dont la splendide « Hammer Bows »), une once d’expérimental et des morceaux roots enluminées par les sons de sa guitare obsédante, il nous livre son album solo le plus cohérent, le plus abouti, et sans aucun doute celui qu’on écoutera le plus.

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