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Disques

Wilco – The Whole Love

Wilco - The Whole Love

Wilco est de retour aux affaires. Après avoir quitté le bon gros Nonesuch/Warner pour fonder son petit nid douillet, le bien nommé dBpm, et après le partiellement décevant/solde de tout compte « Wilco (The Album) », Jeff Tweedy et son band ajoutent un nouveau chef d’œuvre les doigts dans le nez dans leur discographie quatre étoiles. « The Whole Love » est ainsi la synthèse des expérimentations du dyptique « Yankee Hotel Foxtrot »/ « A Ghost Is Born » et des confessions folk au plus près de l’os de « Sky Blue Sky ».

Ça commence fort avec « Art of Almost », tout en grondements de guitares souterraines (Nels Cline, Dieu te bénisse !), tintinnabulements divers, montée magmatique et orchestrale, portée par la paire hors pair Glenn Kotche à la batterie (une fois de plus, merci l’ami Jim O’Rourke) et John Stiratt à la basse ronde à souhait. La voix de Jeff Tweedy s’y coule soudain, s’y fait sinueuse, rebondit sur les crêtes de basse pour mieux s’enfoncer dans les trous entre les riffs. On est loin du storytelling folkeux habituel. D’ailleurs, l’americana de Wilco regarde aussi de l’autre côté de l’Atlantique : « I Might » redonne vie aux Attractions d’Elvis Costello période « This Year’s Model » avec son clavier aigrelet et sa batterie serrée et sautillante. Du Costello malmené et un peu sali par les guitares tout feu tout flamme de Nels Cline (Nels, bon Dieu !), acides et abrasives et qui semblent même attaquer les paroles élusives de Tweedy. « Sunloathe » jette un arc-en-ciel entre les fous chantants des 60ies, The Beatles, et les tarés d’aujourd’hui, The Flaming Lips. La bénédiction du cousin bûcheron canadien toujours vert est même invoquée grâce à l’allusion plus ou moins discrète à « Heart Of Gold » sur « Dawned On Me ». La calme et inquiétante « Black Moon » est la face obscure d’ »Either Way » de « Sky Blue Sky » et la fin du titre semble avoir été baignée dans les mêmes eaux fangeuses que le « Ghost Tropic » de Songs :Ohia. « Born Alone » revient sur le flirt houleux, prolongé mais bien fini avec les opiacés, déjà évoqué dans « Sky Blue Sky », tandis que « Open Mind » et « Capitol City » chantent l’amour et arrivent à capter l’ambiance urbaine par d’habiles jeux de collages sonores et de pedal steel guitar et d’orgues, sous l’habit discret de pseudo-chansonnettes de transition. « Standing O » (vous vous rappelez « Impossible Germany » ?) agite le spectre de Thin Lizzy avec son rythme à 100 miles/hour, ses grosses guitares grasses et son inévitable duel au milieu. La sombre et grave « Rising Red Lung » nous repose les oreilles avec le retour de la guitare folk mais nous hante longtemps grâce à la guitare fantomatique de ce diable de Nels Cline (Nels : paix sur ta couche !). « The Whole Love » (le titre) est une énième déclaration d’amour : on ne les compte plus, on est intimes avec la famille Tweedy depuis le temps ! Il est temps d’aborder le morceau de bravoure du disque, « One Sunday Morning », et ses douze minutes de bonheur en apesanteur sous la forme d’un anti « Stairway To Heaven ». Tweedy y explore les bonheurs de la filiation, sa relation tourmentée avec la Bible et la religion en tournant une sorte de « Day in the Life » américain, composé de plein de petits éléments mélodiques, déroulés les uns après les autres, se chevauchant quelquefois, autour du riff-thème initial pour arriver à cette basse Hazlewoodienne. Un morceau parfait pour un atterrissage tout en souplesse. « One sunday morning, a son is gone ». Eh bien, nous aussi, nous étions partis. Et bien loin : merci pour le voyage et les détours !

 

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