IGGY POP – Elysée Montmartre 09/11/1999
Le concert annoncé à 19h30 débute une heure plus tard. L’impatience est à son comble. Pas de première partie. Le personnage entre en scène. D’une démarche stylisée, les cheveux longs, se déhanchant et le torse nu bombé. Les cris et applaudissements battent la mesure de ses pas silencieux. Un discret bonjour. Il saisit une guitare sèche, s’accroupit en tailleur et commence à fredonner une ballade aux airs de confidence. A peine terminée, ses acolytes entament le titre suivant, déchaînent leurs instruments en saturations rythmées soutenues par le tambourinement du batteur. L’animal se lève, prend ses poses et mimiques célèbres et entame sa subtile vocifération. Les chansons se suivent à une cadence infernale. Pas question de présenter le dernier album. Les standards stoogiens secouent la foule en une danse tribale irrésistible. Même les plus posés se laissent aller.
Prestance incroyable de l’animal. Show longuement acquis, mesuré mais si efficace. Plongeon à plusieurs reprises dans le public, tout de suite contenu par le service d’ordre. Invitation courtoise de la moitié de la salle sur les planches. Fils de micros emmêlés. Les muscles aux veines proéminentes se convulsent, explosent tandis que les frissons parcourent les corps surchauffés. Lumières électriques rendant les mouvements saccadés. L’animal occupe à lui seul la scène entière. Pas un recoin n’est épargné, pas même le toit des massives enceintes ou les câbles d’alimentation des éclairages vacillant sous son poids. Même les musiciens sont pris de folie. Un des guitaristes se jette dans la foule. Il continue à jouer, porté par le public.
On a presque du mal à comprendre, dans l’hallucination collective, comment ce frêle bonhomme rend ridicules les groupes les plus violents de l’alternatif. Inutile de pousser le volume au point de provoquer une semi surdité de trois jours. Tout repose sur le charisme et la pèche du quinquagénaire. Une deuxième ballade accroupie lui permettra de reprendre son souffle avant de remettre la sarabande.
Deux heures d’hystérie conclues par un unique rappel. Le public émerveillé s’en ira calmement, en désordre, sous le choc de cette prestation d’un des plus grands de la scène.
Laurent Sanchez